vendredi 16 janvier 2009

Le souk et ses promesses

Photo 1: marchande de mlaouis (crêpes carrées). Ces excellentes crêpes se mangent nature, ou au fromage, au miel ou encore avec des brochettes grillées. Formule pas chère, propre et de surcroît bien meilleur que le repas que nous avions eu la veille dans un riad, lors de la soirée de la Saint-Sylvestre! Petits budgets ne pas s'abstenir!
Photo 2: promesses de douceur bon marché. Mais diabétiques et obèses s'abstenir, les petites bouchées si faciles à avaler sont des océans de sucre, miel, pâte d'amande, etc., bref que des produits qui n'ont qu'une envie, s'installer définitivement sur vos hanches, ventre et cuisses!

Photo 3: tapis berbère dans un souk de Fès. L'art du tapis est extraordinaire, chaque femme a son modèle en tête (rien n'est dessiné d'avance) et le transmet au sein de son clan ou de sa famille. Ils sont très variés en couleurs, formes et grandeurs, ils plaisent forcément. Mais il faut savoir résister aux boniments du vendeur, si l'on n'est pas intéressé ou si l'on n'a pas les moyens!
Photo 4: stand ô combien magnifique d'épices nombreuses et variées à Marrakech. On trouve vraiment de tout comme épices mais sans que cela soit immangeable (parce trop pimenté) comme dans d'autres cuisines. C'est vraiment délicieux et bien dosé dans la cuisine marocaine.
Photo 5: voici le roi de la récupération. Un artisan transforme tous les pneumatiques en objet en tous genres. Vase de jardin, amphore, cadre,etc. Et si vous êtes fétichiste ou collectionneur, vous pourrez même repartir avec un cadre photo où le mot "Michelin" apparaît en gros! Insolite mais qui a le mérite d'attirer le chaland.
Le souk constitue un itinéraire incontournable lors de toute visite au Maroc. Mais peut-on parler "d'itinéraire" réellement: dès les premiers pas au premier "bab" (porte) franchi dans la médina, il faut se laisser perdre dans les ruelles, faire confiance à ses sens, et les senteurs nous guident irrémédiablement vers toute une effervescence humaine autour des multiples échoppes entassées là. C'est tantôt l'odeur du bois dans le quartier des ébénistes, les effluves des pâtisseries un peu plus loin, les parfums d'épices exposées à côté des éléments de l'herboristerie berbère, l'odeur de ferraille également du côté des ferblantiers se mêlant à celle du cuir ou du caoutchouc (pneus détournés de leur utilisation première et transformés en objets de décoration...); jeu de couleurs également avec tous les tapis (dont les superbes kilim (orthographe non garantie mais authentiquement berbères) et les tissus multicolores. L'ivresse des sens trouve son paroxysme dans la cuisine marocaine: les couscous, tagines, pastillas, soupe harira, crêpes variées (dont les mlaouis ou bghrirs que les étrangers appellent de façon imagée la crêpe à 1000 trous) brochettes et salades etc constituent une cuisine des plus raffinées où les amoureux des épices trouvent un bonheur inégalé, sans pour autant souffrir de l'abus de piment!

mercredi 14 janvier 2009

De l'art de vivre dans les riads

Photo 1: ne vous fiez pas à l'apparente banalité de cette rue de Fès. Déserte en cette heure, la rue dessert pourtant un quartier d'habitation. Il faut passer la porte d'entrée qui, toujours, ne "paie pas de mine" pour comprendre dans quel trésor on est entré: l'univers des riads. L'on comprend alors l'adage: pour vivre heureux, vivons cachés! Les photographies qui suivent en témoignent!
Photo 2: détail d'une colonne décorée dans un riad. Le bas de l'ensemble est recouvert de "zelliges", petits motifs géométriques de couleur taillés patiemment par un artisan. Le chapiteau est fait en stuc finement ciselé toujours avec des motifs géométriques.
Photo 3: Exemple d'un riad à Fès. Si vous ne le savez pas encore, un riad est en fait une demeure familiale qui à l'origine contenait un jardin en son centre. Le plus souvent maintenant, il s'agit d'une cour fermée rectangulaire avec une fontaine centrale, des appartements tout autour et une décoration sublime sur tous les murs. Bref, un grand puits de fraîcheur en été et de douceur en hiver!
Photo 4: l'hospitalité marocaine, le thé à volonté. Le thé chaud à la menthe (généralement sucré) est offert en arrivant dans toute demeure marocaine et bien sûr dans les les riads. Il s'apprécie avec tout un cérémonial. Le breuvage est versé dans un verre par un jet qui doit s'allonger rapidement. Le contenu du verre est ensuite remis dans la théière afin que la saveur soit également répartie et le service est ensuite repris. Attention en remontant la théière, il s'agit de viser juste. Le thé accompagne allègrement les repas et se consomme à toute heure.
Photo 5: autre exemple d' un accueillant riad à Meknès. Chaque pan de mur correspond à un appartement, grande suite où logent facilement quatre personnes. Lits immenses, divans qui se transforment en lits, coussins immenses ou petits, tout un art de la sieste ou d'une bonne nuit réparatrice après l'agitation de la médina!

Depuis environ une trentaine d'années, les Occidentaux ont découvert ces demeures qui, pour certaines, tombaient en ruine. Rachetées pour "une bouchée de pain", du moins à une époque révolue (car elles sont fort chères à ce que l'on a pu voir), elles ont été transformées en maisons d'hôtes. Elles sont plus ou moins bon marché (à Fès ou Meknès) à la location et généralement plus chères dans les villes très touristiques comme Marrakech. Les Marocains ont compris la leçon et commencent eux aussi à (ré)investir les lieux, conscients de la valeur de leur immense patrimoine architectural.

mardi 13 janvier 2009

Pas perdus dans la médina de Fès


Photo 1: fenêtre sur rue dans la médina. Nous voici dans un quartier d'habitation. Les fenêtres sont en général dotées de "moucharabiehs", grilles de bois ou de fer qui permettent de voir sans être vu, et aussi d'entretenir la fraîcheur!
Photo 2: voici un marchand d'olives, dans sa minuscule échoppe, très caractéristique des médinas. L'olive est la base de leur alimentation, très équilibrée en passant! Là-bas, ils cuisinent l'olive avec toutes sortes d'assaisonnements, comme vous pouvez le voir avec toutes les couleurs illustrées dans cette image.
Photo 3: devant la porte d'une mosquée, un mendiant vient chercher l'aumône et la "baraka" (la chance).
Il a de fortes chances de survie dans la mesure où la charité constitue un des 5 piliers de l'Islam et doit donc être pratiqué par "tout bon musulman".
Remarquer la richesse des décorations sur la porte de la mosquée alors que les maisons individuelles ont des entrées très neutres et discrètes. En effet on se devait de cacher la richesse à l'intérieur de la maison et de la cour, dans ces fameux riads qui font maintenant la richesse des investisseurs dans le domaine du tourisme!
Photo 4: Il ne fait pas bon être un âne dans la médina de Fès. On a eu beau nous répéter que ces animaux étaient robustes mais porter 6 à 7 bouteilles de gaz sur son dos ne doit pas être une sinécure. Les traces de blessure aux pattes ne sont pas rares dans les ruelles.Mais l'animal constitue le seul moyen de livraison dans la médina aux rues pentues et très étroites... pour le plus grand bonheur de tous. Car contrairement à la médina de Marrakech par exemple, ici vous ne courez pas le risque d'être renversé par une moto, un vélo ou une voiture!
Photo 5: au sommet de la médina de Fès, tout près du fondouk (l'ancien caravansérail!), une femme se désaltère à une magnifique fontaine. La ville compte des centaines de fontaine, dont l'immense majorité est désaffectée mais celle-ci nous donne un très bel exemple toujours vivant de l'art arabo-musulman qui témoigne aussi d'un art de vivre. La fontaine est recouverte de "zelliges" (petites figures géométriques en céramique) tandis que les colonnes et le haut du monument sont finement ciselées de stuc.
Les Arabes ont porté au plus haut degré ces techniques architecturales que l'on retrouve aussi en Espagne, particulièrement en Andalousie. Ils ont aussi maîtrisé très tôt (XIIIe siècle) l'irrigation, l'adduction d'eau potable en ville ou encore du tout-à-l'égout!

lundi 12 janvier 2009

Plongée chez les artisans au coeur de la médina de Fès

Photo 1: tailleur de "zelliges". les petites pièces de céramique sont cuites avec leur couleur (le pigment est naturel) puis taillées très habilement avec une sorte de petite hache fine. Une fois la forme obtenue, les pièces seront intégrées dans des tables, des fontaines ou mises sur des murs.
Photo 2: le quartier des tanneurs à Fès, image totalement surréaliste d'une activité séculaire. On est à la fois dans le très beau (par les couleurs) et le très désagréable (avec des senteurs à faire vomir). Aussi les délicates narines des touristes sont-elles plus ou moins protégées avec des brins de menthe. Quant aux tanneurs et habitants de Fès (Les Fassis) rien de bien choquant a priori, puisqu'ils mangent même à proximité! Précision d'importance: le site est classé au patrimoine mondial de l'humanité. Il est vrai qu'il est extraordinaire: une palette à ciel ouvert pour peintres ayant besoin d'une immense toile.

Photo 3: la brodeuse de Fès exécute sans tracé préalable un motif géométrique qui peut se voir des deux côtés sans que l'on puisse distinguer d'envers ou d'endroit. Les prix sont ridiculement bas au regard (c'est le cas de le dire) des heures passées sur l'ouvrage. Travail épuisant qui abîme les yeux car il faut compter les fils de trame mais il n'est jamais considéré comme parfait, car comme dit le marchand, seul Dieu est parfait (?). Donc toute brodeuse "cache" un défaut dans son travail pour montrer son humilité!

Photo 4: les belles assiettes aux couleurs de Fès dont les artisans sont célèbres pour avoir mis au point le bleu et le vert qui portent donc le nom de la ville.

Photo 5: la fabrication d'une assiette par un artisan. Après une première cuisson de la poterie, celle-ci est recouverte de dessins, qui vous le voyez ici, demandent un travail délicat, dentelé pour ne pas dire ciselé. Toutes les couleurs sont naturelles (ici un bleu cobalt qui après cuisson prendra une teinte plus sombre). Bien sûr l'ensemble est cuit à nouveau et voici un magnifique plat. En visitant les boutiques, on a envie de tout acheter, en particulier les beaux plats à tagine qui attirent les gourmets que nous sommes.

Photo 6: Fès est connue pour être la capitale marocaine, voire mondiale de la maroquinerie. Ici un stand de babouches qui sont en général de qualité et faciles à porter.

Fès est la plus ancienne cité impériale du Maroc. Elle fut fondée par la première grande dynastie marocaine celle des Idrissides au VIIIe siècle, plus précisément par Idriss II. Elle reçut aussi l’influence de l’Espagne musulmane et des Arabes du Levant. La ville fut longtemps le centre culturel du pays avec la fondation de la mosquée Karaouine qui abrite une université dès 862. L’influence de la ville est aussi politique car c’est ici que de nombreux mouvements sociaux ou politiques de révolte sont apparus. Ainsi les premiers soulèvements contre les Français sont le fait des Fassis (habitants de Fès) en 1912, dès la création du protectorat et c’est dans cette cité que fut fondé le parti indépendantiste Istiqlal.

La ville est divisée en trois parties : la plus ancienne, Fès-el-Bali est le haut lieu de la vie économique et religieuse de la cité. Elle comporte une immense médina, qui, il faut bien le dire, nous a beaucoup impressionné. Elle grouille d’activités en tous genres, de gens (250 000 personnes y vivent toujours), de couleurs, d’odeurs et de saveurs. Il est très facile de s’y perdre aussi car les ruelles étroites et sinueuses n’offrent guère de repère à l’œil non exercé et même apparemment aux habitués !

Le souk porte bien son nom : les boutiques très nombreuses et souvent petites regorgent d’objets que les marchands se feront un plaisir de vous vanter. Ici le marchandage est de mise, tout se négocie ou du moins tout est négociable. Encore faut-il avoir envie d’entamer le dialogue qui demande doigté et diplomatie !

Fès est aussi mondialement connue pour ses tanneurs qui occupent la partie la plus basse de la ville, pour avoir de l’eau à disposition. Le quartier est riche en couleurs : les artistes ont déployé une palette géante et les pinceaux ne sont rien d’autres que leurs pieds qui trempent dans les bassins. Mais la palette nous gratifie aussi hélas de miasmes assez difficiles à supporter, mais la narine délicate du touriste est quelque peu protégée grâce à un brin de menthe ! Pourtant, ces odeurs peu ragoûtantes sont logiques car l’un des composants qui permet de ramollir le cuir est la fiente de pigeon.