lundi 31 décembre 2007

l'île des Pins, sous le soleil exactement

Photo 1: le célèbre rocher de Kanumera qui sépare la plage du même nom et une autre petite baie. Lieu de baignade et de plongée "gentille", à savourer à marée basse ou haute.

Photo 2: la baie de Kuto, où mouillent de nombreux bateaux, le long d'une longue plage au sable si fin qu'il s'infiltre partout. Un régal!

Photo 3: quelques petites gâteries culinaires dans la baie d'Oro. Un must si vous vous déplacez à l'île des Pins. Une plage superbe et une grillade de langouste à rouler par terre!

Photo 4: pirogue dans la baie d'Upi. le cadre est superbe, on file en douceur entre les rochers posés sur l'eau, goûtant au calme et à la beauté.


Photo 5: la piscine naturelle de l'île des Pins, un des plus beaux cadres maritimes de la Nouvelle-Calédonie et peut-être du monde. Excusez-moi pour les superlatifs mais franchement c'est très beau. La piscine naturelle, protégée de la haute mer, offre un cadre de baignade et de palmes-masque et tuba fabuleux et sécurisé en plus pour les enfants.

Photo 6: un jeune danseur de l'île des Pins, exécutant la danse de la chauve-souris. Même si les danses kanak sont moins complexes que celles de la Polynésie, les costumes hauts en couleurs et les rythmes sont un plaisir pour les sens!

Voici quelques photos de la Nouvelle-Calédonie, en particulier de l'île des Pins où nous avons pu avoir cinq jours avec un temps miraculeusement. Résultat: vous voyez certainement les plus belles plages du monde. A créer de fortes envies d'aller les voir pour de vrai!
Bonne année 2008 à tous.

vendredi 28 décembre 2007

Rangiroa, entre perle et océan


Photo 1 : le dauphin cabotin qui faisait un festival de sauts et pirouettes à l'entrée de la passe de Rangiroa. Avec plusieurs de ses congénères, ils ont fêté dignement l'arrivée de l'Aranui dans la grande passe!
Photo 2: un greffeur au travail. L'opération dure une quinzaine de secondes et consiste à introduire un nucléus et un greffon à l'intérieur d'une huître entrouverte, que l'on remet à l'eau dans un filet avec une corde colorée qui permet de savoir qui a effectué la greffe. Un bon greffeur atteint un taux de réussite de 65% environ.




Photo 3: voilà une huître perlière et l'endroit précis où est introduit le nucléus (coquillage sphérique) et un greffon (bout de lèvre colorée prélevé d'une autre huître. Si la greffe réussit on obtient une belle perle ronde (faite de nacre qui entoure le nucléus), à défaut des perles moins recherchées mais tout de même très belles.



Photo 4: même si le soleil n'était pas au RDV ce jour-là, les différents "motus" (îlots) de l'atoll de Rangiroa, long de 75 km offrent des plages superbes, avec des sites PMT (palmes, masque et tuba) très accessibles. Sans compter les plus aguerris en plongée qui peuvent faire de belles sorties dans les passes très réputées de l'île.




Photo 5: pas besoin d'aller chercher bien loin pour rencontrer "le monde du silence". Il est même possible de voir les poissons perroquets manger le corail depuis la surface tandis qu'autour des hôtels, des promotoires permettent une vue plongeante dans un aquarium géant.







Photo 6 : les dauphins devant l’étrave, qui nous ont à nouveau escorté à la sortie de Rangiroa. Histoire de quitter les Tuamotu avecencore plus de regrets.

Pour finir en beauté notre séjour en Polynésie avec beaucoup de regrets, il a fallu en passer par l’atoll de Rangiroa, le plus grand de l’archipel des Tuamotu. Surprenant de débarquer là après les Marquises, qui ont toutes l’aspect de cathédrales posées sur l’eau. On est d’abord accueilli par un banc de dauphins, les uns plus cabotins que les autres, qui nous font la haie d’honneur pour entrer dans la grande passe.
Autre surprise, l’île ne se voit qu’au tout dernier moment : pas de relief qui accroche longtemps à l’avance le regard. Tout est horizontalité ! Peu de choses à voir en surface : cocoteraies, fermes perlières (plus de 70), quelques hôtels. Tout l’archipel tourne autour de ces trois piliers. Sans être plongeur, on peut déjà voir de très beaux spécimens de poissons rien qu’en marchant au bord de l’eau : raies-léopards ou pastenagues, poissons-perroquets, cochers, etc. Pour les vrais plongeurs, frissons garantis dans les passes avec du gros poisson et notamment des requins. Avec beaucoup de patience, peut-être aurez-vous la chance de voir un accouplement de requins, moment rare et dangereux.
La pureté de l’eau offre aussi des possibilités immenses aux perliculteurs qui récoltent les fruits d’un long travail, à savoir les perles de Tahiti. Le processus est compliqué : il faut introduire dans l’huître perlière un nucléus (une bille taillée dans un coquillage du Mississippi), un greffon (coupé dans les lèvres colorées d’une huître sacrifiée) qui doit déboucher sur une perle de couleur. La moitié des huîtres rejette la greffe mais pour les autres il faudra patienter dix-huit mois pour récolter.
Lors de cette opération, les perles sont classées en fonction de quatre critères : la forme (les rondes parfaites sont les plus recherchées), le lustre (reflet de la lumière), l’aspect de la surface (pas de piqués ni de grains), la couleur (une bleue ou une dorée sont maintenant très côtées). Certaines huîtres produisent aussi des keishis (de la nacre pure aux formes irrégulières sans nucléus à l’intérieur). Les huîtres qui auront donné la perle parfaitement ronde, sont surgreffées une, deux voire trois fois de suite pendant quatre ans. Là, on est sûr d’obtenir la perle superbe qui fait au moins quinze mm et fera le bonheur de ces dames. Mais bon les hommes aussi s’y mettent. Gare à vous messieurs car les bijoutiers se sont dit qu’il y avait là un immense marché à prendre !
Pour quitter Rangiroa, même scénario que le matin : les dauphins ont prolongé le plaisir bien au-delà de la passe et c’est la tête et le coeur remplis de bonheur et d’images fortes que nous avons quitté ces lieux.

samedi 15 décembre 2007

L'Aranui, le grand chemin


Photo 1: L' Aranui (qui signifie grand chemin) sagement à quai dans l'atoll de Fakarava. Mais ce type de mouillage est plutôt exceptionnel aux Marquises, dont les eaux sont plus turbulentes.
Photo 2: Déchargement sur l'île de Ua Pou.
Photo 3: William, comme tant d'autres marins à bord adore pêcher après son travail.
Cela permet au personnel de se retrouver autour d'un bon repas (même au petit-déjeuner) et de varier l'ordinaire du bord.

Photo 4: Le grutier avec d'autres marins du bord qui ont souvent vu crépiter les flashs de nos appareils photos étant donné leur stature et leurs tatouages imposants.







Photo 5: Joël, responsable de la salle de restaurant et serveur. Maître à bord après Dieu et le commandant, il a ses petits caprices mais toujours un costume et une couronne de fleurs assortie (qu'il fabrique lui-même) ou un chapeau qui lui valent des compliments de tous les passagers. Il adore cela ainsi que poser devant nos appareils photographiques mais nous n'avons jamais réussi à savoir combien de tenues de travail il avait à bord car lui même ne le sait pas! Peut-être aussi garde-t-il ainsi son mystère.




Photo 6: En plus de leurs activités spécialisées à bord, une grande partie du personnel du bateau a des talents de musicien animateurs.Ils jouent de tout et même de la poubelle-contrebasse! Voici donc l'Aranui Band, toujours content qu'un passager fasse un boeuf en sa compagnie!

L’Aranui, cargo mixte qui transporte à la fois du fret et des passagers est un monde en soi. Que de personnalités à bord ! Le personnel est essentiellement marquisien et à ce titre l’Aranui c’est un peu leur bateau. Il faut les entendre évoquer leur travail à bord pour comprendre ce lien si particulier. L’Aranui (qui signifie grand chemin) c’est un peu le cordon ombilical qui les unit à leur archipel. C’est aussi une philosophie, car il est dur d’être séparé de sa famille pendant quinze jours pour travailler. Mais comme nous dit un jour un matelot : « c’est vrai le travail est dur, certains jours il faut s’activer dès cinq heures du matin pour soulever les barges. Mais à côté de cela, on a la mer, les poissons, l’oxygène et les dauphins et ça, ça vaut tout ».
Les parties de pêche quotidienne depuis le bateau sont aussi moment de détente, de convivialité et permettent aussi d’améliorer l’ordinaire car les Marquisiens sont amateurs de poisson dès le petit-déjeuner. L’arrivée sur chaque île des Marquises est une fête pour tous : les marins, serveurs et autres grutiers peuvent voir la famille restée dans l’archipel. On échange aussi du poulet contre du poisson ou des fruits, en particulier des agrumes, si chers à Tahiti et poussant négligemment dans les jardins marquisiens.





jeudi 13 décembre 2007

Le tatouage aux Marquises d’hier à aujourd’hui

Photo 1: la noix de bancoul utilisée d'abord comme bougie. Les Marquisiens enfilaient plusieurs noix qui brûlaient progressivement. La suie récupérée dans une noix de coco était ensuite mélangée à de l'eau. Le liquide noir obtenu servait lors des tatouages.
Photo 2: des bambous contemporains mais reproduisant des modèles anciens montrent les motifs de tatouage ancien chez les Marquisiens.

Le bambou représente un long travail de patience (plus de 70 h) et c'est une technique de pyrogravure point par point. Une jeune femme sur l'île d'Ua Pou fait ce travail méticuleux et admirable de "fourmi."

Photo 3 : au bord du tohua (place publique) on peut voir de nombreuses pierres creusées. Ce sont des cupules qui, entre autres, pouvaient servir de récipient pour le liquide fait de noix de bancoul et d'eau utilisé pour le tatouage. On parle bien sûr des méthodes anciennes de tatouage chez les Marquisiens.



















Photo 4: dans un petit musée de l'île d'Ua Huka, il est possible d'admirer de remarquables modèles anciens de maîtres-tatoueurs. Chaque famille possédait ainsi sa "carte d'indentité". Les motifs étaient toujours chargés de symboles : voir sur le bras, une sorte de "matrice", utérus constitué de plusieurs enveloppes en demi-ronds.

Photo 5: le tatouage moderne (ici sur une femme) traduit souvent le lien passionnel, pour ne pas dire charnel que les Polynésiens entretiennent avec la mer. Il peut aussi traduire une personnalité: un passionné de chasse représente par exemple les dents d'un cochon sauvage tué ainsi que celles de ses chiens qui avaient perdu la vie lors de cette battue.

Photo 6: ici un tatouage moderne mais qui vaut à son propriétaire unce certaine remarquabilité, même en Polynésie. Peut-être encombrant sous d'autres cieux!

Avec le renouveau de la culture marquisienne, marqué par le festival des Marquises, la pratique du tatouage aux motifs traditionnels tend à revenir en force, se libérant dans une certaine mesure de la stylisation par trop abusive qui la cantonnait dans le marché pour touristes en mal de mana polynésien.
La langue marquisienne n’ayant pas d’alphabet, le tatouage a été un moyen de communication à base de motifs pour certains univoques. Perte de sens, disparition, affaiblissement des dessins entre autres dus à la déculturation générée par la colonisation ont affecté la pratique de l’inscription épidermique de son histoire personnelle. Car il faut considérer le tatouage comme une véritable carte d’identité que l’homme portera sur lui à vie, cette notion est aussi valable pour l’ensemble du triangle polynésien, des Iles Hawaï à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Ile de Pâques.
Il faudra attendre le 20è siècle pour que les archéologues se penchent sur la « douloureuse » question du tatouage. Douloureuse car pendant des années l’église catholique a interdit cet art perçu par les dignitaires comme une pratique sinon diabolique du moins païenne parce que charnelle. Outre le relevé de son ascendance, le tatouage traduisait la fonction sociale et le rang, était aussi arme de séduction, quand il ne permettait pas d’afficher toute la hargne dont on était capable dans ses intentions guerrières à l’endroit de l’agresseur. Un homme très tatoué prouve sa richesse car il lui faut dédommager en nature maître-tatoueur et assistants qui le plaquent au sol! Autre exemple: une princesse était repérable au fait qu'elle n'était tatouée qu'aux jambes. Le tatouage est aussi l’indice visible des croyances intimes : le requin tatoué au-delà de sa valeur de représentation esthétique incarne la dangerosité de l’espèce et a permis un transfert de son « mana », l’énergie essentielle et tutélaire, de l’animal à l’homme. Le tatouage protège ! De même le tatoueur occupe une place à part, il est le medium qui est en phase avec l’esprit des ancêtres. Un passeur d’esprit en somme, un sage.
A l’origine, c’est avec un peigne (le plus souvent en os ou en dent acérée) dit de tatoueur que la peau reçoit son inscription. Le pigment provenait de la suie de noix de bancoul diluée dans un peu d’eau à une époque où cette noix était utilisée en lieu et place de la bougie. L’herminette était aussi utilisée accessoirement pour des zones de remplissage.
De nos jours, un petit appareil électrique doté d’une pointe assez douce a remplacé ces instruments de torture volontaire. Plus de petits coups de maillet sur la rostre en pointe pour assurer la diffusion et la pénétration du pigment, plus de fabrication artisanale de suie…L’encre de Chine est venue à la rescousse. Le dessin a certainement gagné en précision et en netteté, le tatoueur en rapidité d’exécution. Les normes drastiques d’hygiène quand elles sont bien appliquées évitent bien des déboires comme il y en a eu par le passé : plaies, mauvaises cicatrisations, gangrènes… Mais gare à la folklorisation, ou au charlatanisme! L’encre de Chine frelatée existe aussi.
Quand naguère le tatouage permettait de vérifier les capacités stoïques de l’individu devant la douleur, il peut parfois aujourd’hui ne tester qu’un autre type de résistance: celle de la carte bleue.

Les Marquises aujourd’hui entre tourisme et tradition

Photo 1 : la chaire de l’église de Ua Pou qui mêle dans une pêche miraculeuse des poissons et des animaux qui relèvent de la cosmogonie des Marquisiens anciens comme le lézard ou la tortue.

















Photo 2 : quel bel exemple de syncrétisme. Ici le Christ qui est la nourriture spirituelle tient dans sa main non pas du pain mais le fruit de l’arbre à pain, si présent aux Marquises. C’est même la nourriture de base des populations marquisiennes.

Photo 3 : le tapa, un tissu végétal obtenu avec l’écorce blanche de certains arbres et battu des heures durant pour donner une matière souple très agréable. Seul inconvénient : le vêtement détrempé se défait ! Pour l'anecdote, ceci explique pourquoi les vahines du XVIIIe siècle montaient à bord des navires européens nues, portant leur tapa à bout de bras, pour se rhabiller une fois à bord. Messieurs, imaginez la scène!


Photo 4 : l’humu hei, bouquet fleuri ou bouquet d’amour, à l’origine offert aux nouveaux mariés (à cause de sa réputation aphrodisiaque). Il est maintenant porté lors des fêtes,ou le dimanche par les Marquisiennes à l'arrière de leur belle couronne fleurie.

Photo 5 : le four marquisien mêle dans une cuisson très longue (neuf heures) plusieurs féculents et une viande. Après avoir été préalablement entouré de multiples feuilles de bananes, le tout est mis à cuire dans un four creusé à même le sol, puis recouvert de pierres très chaudes. Arrosez les tranches de viande de lait de coco, et dégustez avec modération, vu le nombre de calories !


Photo 6 : un casse-tête des Marquises, qui fait maintenant le bonheur des collectionneurs, mais qui autrefois permettait quelques meurtres qui alimentaient (!) l'anthropophagie rituelle !

Malgré la disparition de nombreuses coutumes dont le tatouage traditionnel qui avait une signification religieuse et sociale, les Marquisiens du XXIe siècle possèdent encore un vrai savoir-faire exercé notamment dans le domaine de l’artisanat. Outre la renaissance des danses du cochon ou de l’oiseau lors des moments festifs, les touristes de passage pourront découvrir avec bonheur l’artisanat actuel qui traduit une habileté technique et artistique encore vivace.

Cet artisanat se décline de la manière suivante : sculptures sur bois, sur os, et même sur de l’ivoire (casse-têtes, tiki, armes, etc.). Les femmes ont également préservé l’art du tapa. C’est un tissu végétal qui prend des teintes plus ou moins colorées selon la matière utilisée (banian, arbre à pain). Cependant ce dernier n’habille plus hommes et femmes ; de fonction décorative il représente des scènes anciennes (guerriers tatoués). Autre originalité : l’humu hei. Ces bouquets, à l’origine, étaient destinés aux nouveaux mariés et servaient de filtre d’amour pour la nuit de noce. Maintenant les femmes de Fatu Hiva ou de Tahuata vendent ces bouquets fleuris. Et, mesdames, vous pouvez en accrocher à votre chevelure, imitant en cela les Marquisiennes qui répandent des fragrances réputées aphrodisiaques associant pêle-mêle vétiver, gingembre, tiaré, fenouil, ananas, poudre de bois de santal, etc. A coup sûr moins cher qu’un Chanel n° 5. Si vous rêvez d’un souvenir indélébile, le tatouage de style marquisien vous ravira, même s’il est réalisé avec la technique moderne, à savoir une aiguille électrique. Vous échappez ainsi au supplice du marteau et du peigne à tatouer qui vous auraient permis de tester votre stoïcisme! Néanmoins il vous restera quand même un peu d’aura dans votre tentative de séduction de guerrier moderne.

Les églises catholiques marquisiennes recèlent statuaires et objets cultuels magnifiquement sculptées qui associent symboles chrétiens traditionnels et représentations de l’univers mental du Marquisien d’aujourd’hui. A Ua Pou par exemple, une sculpture impressionnante mêle, dans une pêche miraculeuse, tradition biblique et vision marquisienne du monde. Des poissons remontés par la barque du Christ se mêlent à des tortues et autres lézards. De même, le Christ qui est censé incarner la nourriture spirituelle, tient entre ses mains un fruit à pain, la nourriture de base des Marquisiens ! Joli clin d’œil à l’histoire biblique et aux réinterprétations du dogme catholique, sans compter le plaisir esthétique !

Plaisir de la chair pour finir : il faut goûter à l’original plat de cochon rôti aux fruits à pain dans le traditionnel four marquisien

lundi 10 décembre 2007

Les Marquises d’hier

Photo 1 : le me’ae (site religieux) de Paeke sur l’île de Nuku Hiva, intégrant à la fois des personnages masculins et féminins. L’ensemble est dominé par la maison du prêtre et le lieu était tapu (tabou), fréquenté par le chef et ses proches mais jamais par les femmes et le petit peuple.


Photo 2 : l’imposant tiki du me’ae de Puamau sur l’île de Hiva Oa. Il fait plus de 2,3 m de haut. Taillé dans la pierre volcanique, il s’abîme hélas assez rapidement. Un tiki est, pour simplifier, un ancêtre divinisé qui sert de lien entre les hommes et les dieux. Il peut être masculin ou féminin mais a toujours des yeux immenses, disproportionnés par rapport au reste du visage.

Photo 3 : la prêtresse papillon ou la nageuse sur le même site de Puamau. Le nom marquisien est Make Tawa Pepe. Les Marquisiens anciens étaient persuadés que les femmes qui mourraient en couches étaient dangereuses. On les divinisait donc et leur offrait des sacrifices.


Photo 4 : un tohua ou place publique où se déroulaient les festivités. Vallée d’Hatiheu sur l’île de Nuku Hiva. La place est toujours bordée d'habitations (paepae) et d'un me'ae (site sacré)


Photo 5 : au pied d’un immense banian, une poubelle sacrée où les anciens Marquisiens jetaient leurs ongles et cheveux pour éviter que quelqu’un d’autre leur prenne leur mana (pouvoir). On y trouve aussi des restes humains (anciens chefs dont la tête était déposée en ces lieux).

Photo 6 : non loin du Tohua (voir photo 4), de nombreux pétroglyphes sont sculptés sur les blocs rocheux. Ici la représentation d’une tortue, animal sacré par excellence, venu de la mer pour pondre sur terre et repartant ensuite pour l’eau qui était aux yeux des Marquisiens, l’équivalent du paradis chrétien pour les âmes défuntes.



Les archéologues pensent avoir repéré aux îles Samoa et Tonga les ancêtres des Polynésiens orientaux et parmi eux les habitants de Fenua’enuata, plus tard devenus les Marquises. Les Marquisiens ont ensuite développé une société très originale que découvrent les premiers Européens au XVIe siècle.

Malheureusement les maladies ont provoqué une hémorragie humaine absolument dramatique : lorsque Cook passe dans l’archipel en 1774, il estime la population à 100 000 personnes au maximum (ce que confirment d’ailleurs les recherches archéologiques). Or en 1926, il reste environ 2000 personnes ! C’est dire si les contacts avec les Européens ont été dramatiques : la diminution de la population (à cause de la variole et les maladies vénériennes notamment) a entraîné une remise en cause des valeurs traditionnelles, une destruction de la culture marquisienne et des structures sociales sans compter l’interdiction des tatouages et des danses par les missionnaires.

Il a fallu attendre les années 60 et notamment les travaux de Robert Suggs qui entreprend les premières fouilles archéologiques pour que les Marquisiens retrouvent tout doucement leurs racines. C’est ainsi que maintenant de nombreux sites archéologiques sont mis à jour, révélant des pétroglyphes (roches gravées) des me’ae (sites religieux en général tapu ou sacrées) que surveillent toujours farouchement les tiki (sorte d’ancêtre divinisé), grandes places (ou tohua), les lieux d’habitation (ou paepae) ou encore les poubelles sacrées au pied de banians majestueux.

Aujourd’hui, si l’on peut admirer de très belles danses lors du festival des Marquises tous les quatre ans et que les fouilles se poursuivent à cette occasion, la signification précise des tatouages anciens est probablement perdue à tout jamais. Malgré ces pertes, que d’énergie et de beauté dans ces îles si mystérieuses qui envoûtent tous les visiteurs sensibles au mana (pouvoir) des anciens!

dimanche 9 décembre 2007

Les Marquises, pays des baies et falaises

Photo 1 : l’archipel des Marquises, plus équatorial que tropical par sa position géographique.
L'ensemble est constitué de six îles habitées et de nombreuses autres vides de toute population.

Photo 2 : Premiers contacts pour les passagers de l’Aranui qui découvrent la baie d’Hakahau sur l’île de Ua Pou (qui signifie piliers).


Photo 3 : Taiohae, l’une des grandes baies de Nuku-Hiva. L’île a une superficie de 340 km2 et constitue le centre administratif des Marquises. La baie est bordée par deux rochers isolés et majestueux surnommés les sentinelles.







Photo 4 : La baie des Vierges sur l’île de Fatu Hiva (mon coup de cœur personnellement), la plus isolée au sud des Marquises et probablement la plus sauvage car elle compte deux minuscules villages. Pour la petite histoire, la baie absolument magnifique fut d’abord appelée la baie des verges par les marins européens au langage quelque peu cru. Puis les missionnaires passant par là l’ont rebaptisé la baie des Vierges en voulant voir dans un des sommets une vierge à l’enfant.




Photo 5 : côte rocheuse et découpée sur l’île de Ua Huka qui prend des airs de Bretagne ou de la Réunion… Cette île plus à l’est des Marquises est également appelée l’île aux chevaux car de nombreux troupeaux vont de ci de là ainsi que des cabris sauvages d’ailleurs.






Photo 6 : Petite baie d'Hapatoni sur l'île de Tahuata. Un accueil formidable des habitants et un artisanat très riche (travail de l'os et du bois) et le moins cher des Marquises.

Les Marquisiens appellent leur archipel le Fenua’enata ou Henua’enana c’est-à-dire la « Terre des hommes ». C’est en 1595, qu’Alvaro Mendana de Neira découvre une partie des îles et leur donne le nom de Marquises, en l’honneur du vice-roi du Pérou qui avait le titre de marquis.
L’archipel se trouve entre 7° et 10° de latitude sud, 138° et 141° de longitude ouest, soit à plus de 1400 km de Tahiti. C’est l’archipel qui est le plus éloigné de tout continent. L’ensemble est constitué de deux groupes d’îles qui forment une surface totale de 1300 km2. Les îles du nord habitées sont Nuku Hiva, Ua Pu et Ua Huka. Le groupe sud habité comprend Hiva Oa, Tahuata, Fatu Hiva. De nombreux autres îlots restent inhabités.
Les Marquises sont des terres volcaniques au relief élevé et offrent un aspect particulièrement tourmenté en raison de la forte érosion. Crêtes et pitons sont donc nombreux tandis que le littoral est le plus souvent composé de falaises. Les vallées sont rares, étroites, isolées et offrent des baies profondes très utiles pour le mouillage des bateaux.
Enfin contrairement aux autres archipels de Polynésie, les Marquises sont dépourvues de lagons et la forte houle du Pacifique vient donc déferler sur le littoral. La végétation tropicale y est très dense en raison des précipitations assez abondantes sur toutes les îles sauf Ua Huka, plus sèche. Mais il arrive que l’archipel connaisse de longues périodes de sécheresse. Ce phénomène fut à l’origine de nombreuses famines dans le passé.

samedi 8 décembre 2007

Mythes et réalités aux Marquises

Photo 1 : les aiguilles de Ua Pou, l’île aux piliers, cathédrale naturelle des Marquises.
Photo 2 : le coprah en attente de chargement sur l’Aranui dans la vallée de Taïpivaï, sur l’île de Nuku Hiva.

Photo 3 : enfants et chiens à la recherche d’un peu d’animation lors d’un chargement de fret sur l’Aranui.










Photo 4 : une vahiné qui nous accueille à Ua Pou. Là encore on est en plein mythe! Mais sa danse lascive est de toute beauté tandis que le Hakka des guerriers est tout à fait impressionnant.







Photo 5 : la baie d’Atuona sur l’île d’Hiva Oa où vécurent P. Gauguin et J. Brel.








Photo 6 : l’avion de Jacques Brel, Jojo (du nom de son meilleur ami), qui après restauration se trouve dans un musée très émouvant dans la capitale de l’île d’Hiva Oa.











Photo 7 : la tombe de Paul Gauguin, venu chercher la pureté à Hiva Oa et peindre de nombreuses vahinés, symboles de l’Eden et du paradis perdu.

La Polynésie et singulièrement les Marquises occupent depuis longtemps une place à part dans l’imaginaire des Européens. Le mythe du bon sauvage répandu par Rousseau a connu une longue postérité. De Bougainville qui nous décrit au XVIIIe siècle l’accueil légendaire des natifs de Tahiti, au XXIe qui voit en ces lieux le pays des éternelles vacances où la nature est sauvage et préservée, on ne compte plus les clichés : les belles vahinés lascives qui s’offraient aux marins et dansaient de façon très suggestive, les plages de sable doré avec cocotiers, des îles où la nature est tellement généreuse que le travail y est inconnu. Bref, les Marquises seraient-elles une sorte de paradis perdu que nous souhaitons retrouver ?
Ce qui est sûr c’est que le XIXe et le XXe siècle ont compté de nombreux hommes qui souhaitaient rompre avec l’Europe et sa culture. De l’aventurier français Cabri tatoué de la tête aux pieds et qui est devenu chef de clan dans une vallée marquisienne, en passant par Gauguin et Brel, nombreux sont ceux qui ont souhaité finir leur vie dans ces lieux si loin de tout, où l’on pouvait échapper aux contraintes sociales de son époque, revenir à une vie plus saine et vraie ou échapper à la célébrité. Ainsi, on raconte que Brel aurait décidé de rester sur l’île d’Hiva Oa après une scène cocasse : en arrivant, il aurait demandé s’il y avait du courrier en poste restante au nom de Jacques Brel, le postier lui aurait répondu « Jacques Brel connais pas ». Cette réponse a convaincu le chanteur belge de rester. Il repose désormais dans le cimetière d’Atuona tout comme Gauguin mort en 1903.
Bien que faisant partie intégrante de la Polynésie française, l’archipel des Marquises se démarque tant par le relief volcanique très accidenté de ses paysages que par l’absence des lagons turquoise caractéristiques des autres archipels comme les Tuamotu et Société. Ici pas de baignade détendue, d’atoll au sable blanc mais des pistes sinueuses et pentues pour grimper jusqu’aux sommets où l’on peut admirer une nature luxuriante et l’échancrure des falaises battue par les lames violentes d’un océan Pacifique mal nommé. Les routes sont rares, les aéroports encore plus et l’insularité est forte. La voie privilégiée entre ces îles et même ces vallées est le bateau. Parmi les navires qui relient Tahiti aux Marquises, l’Aranui occupe une place à part. Il est conçu comme un cargo mixte pour fret, touristes, commerçants et passagers polynésiens. Transportant coprah, chevaux, véhicules divers, des pneus, des vivres…son passage, une fois tous les quinze jours est un événement attendu et fêté. L’agitation qui règne autour du port est un aspect du voyage qui attire les touristes. Mais ces derniers peuvent aussi très vite goûter aux charmes d’une nature préservée et presque sauvage, ou se lancer sur les traces des grands hommes qui ont rendu célèbre cet archipel absolument magique. Comme le grand Jacques, on se prend à rêver que « le temps s’immobilise aux Marquises ».

jeudi 22 novembre 2007

Le Mexique surréaliste ou trop réel?

André Breton, un des chantres du surréalisme était venu au Mexique dans les années 30. Il adorait ce pays qui était à ses yeux le plus surréaliste et le moins rationaliste.
Devrais-je vous dire que je ne partage guère sa passion pour le pays après les multiples mésaventures qui nous sont arrivées. Bref, cette chronique sans photos pour une fois, ressemble bien à un billet d’humeur pour ne pas dire un coup de gueule. C’est aussi une mise en garde pour ceux qui seraient tentés par des vacances au Mexique. Un homme averti en vaut deux.

Les surprises ont commencé dès l’arrivée à Mexico à la descente d’avion. Les filles avaient eu le malheur d’oublier un tout petit sac dans l’avion avec un MP3 à l’intérieur. Trois heures de balade dans l’aéroport (où il n’y a pas un seul siège !) pour découvrir que la zone où on déclarait les objets perdus se trouvait très logiquement dans la zone des vols nationaux à l’arrivée. Autre surprise : en sortant de la zone des contrôles, pas moyen de passer un trolley avec nos bagages. Il faut tout porter à bout de bras ! Inutile de vous dire que nous n’avons jamais revu ni MP3 ni sacs. Nous avons fait un heureux ce jour-là. Ajoutez à cela que voulant accéder au bureau des objets trouvés, le personnel de sécurité m’y autorise mais me refuse l’accès en sens inverse alors que j’avais un avion à prendre un quart d’heure plus tard. C’était Kafka au Mexique !

Deuxième grande surprise : le chapitre des transports. On paie 240 pesos (1 euro= 15 pesos) avec un taxi officiel qui a son bureau de vente à l’intérieur de l’aéroport. Jusqu’ici tout va bien. Une fois à l’hôtel, on découvre que le tarif peut descendre à 150. Et une semaine plus tard, revenant de Oaxaca, dans la zone des vols nationaux, le prix descend à 125 pesos pour le même trajet avec la même compagnie !
Dans le registre attendez-vous au pire, la conduite à la mexicaine est assez spéciale : on vous klaxonne quand vous attendez le feu vert, les chauffeurs de taxi passent allègrement au rouge (soit dit en passant, ils n’ont jamais de monnaie quand il s’agit de rendre son dû au client !), brûlent les stops et vous interpellent bruyamment sur les routes pour que vous vous poussiez quand vous respectez la limite de vitesse. Résultat : pour tenter de limiter les excès de vitesses, à chaque entrée de village ou de ville, des dizaines de topes, reductors et autres vibradors (bref des processus de ralentissement) vous cassent les reins et les amortisseurs. Pour corser le tout, les routes que nous avons empruntées sont sales à un point que vous ne pouvez imaginer (nous avons vu des pentes recouvertes d’ordures) sur une route réputée touristique dans le sud de l’Etat de Oaxaca.

Troisième chapitre : restaurants et hôtels. Hormis à Oaxaca où nous avons trouvé un personnel sympathique et compétent dans l’hôtel où nous logions, le service est très lent et souvent limite ! Imaginez : attendre 45 mn pour un petit-déjeuner composé d’un bol de lait avec des céréales ! Dans un autre hôtel de catégorie supérieure, le gérant et son personnel crachent par terre à tout bout de champ. Waaooah la classe ! Enfin pour un pays qui a tout de même pour voisin les Etats-Unis (c’est vrai que c’est lourd à porter comme voisinage), le personnel d’accueil dans les hôtels ne parle que très rarement anglais. Du coup, nous avons essayé en espagnol. Nous avons survécu ! Mais cela surprend.

Enfin la cerise sur le gâteau, qui nous a amené à rédiger cette chronique ! Le jour de notre départ du Mexique, deux grosses mésaventures. Du genre goutte d’eau qui fait déborder le vase : nous avions acheté deux bouteilles de téquila que nous avons gardé à la main. Plusieurs contrôles sans problèmes mais refus final du personnel de sécurité de nous laisser monter à bord avec nos deux bouteilles. Mais refus également que l’on ressorte pour aller vider nos bouteilles dans les toilettes ! Bien évidemment aucun panneau ne nous avait prévenu nulle part (même pas à l’enregistrement) qu’il fallait mettre nos bouteilles dans les valises et de plus nous avions voyagé la veille sans problème avec les mêmes bouteilles. Nous avons encore fait des heureux ce jour-là ! J’espère juste qu’ils s’étoufferont avec ! Enfin, last but not least, comme diraient nos amis anglais, on nous a attribué des places n° 7 qui …n’existaient pas ! Il s’en est fallu de peu que nous prolongions notre séjour au Mexique. Au secours maman ! Enfin, au bout de 45 mn de retard, l’avion est parti avec des touristes qui, comme maître corbeau, jurèrent mais un peu tard, que l’on ne les y prendrait plus. Dommage pour nous, dommage pour le Mexique aussi !

mercredi 21 novembre 2007

Les dentelles de pierre de Mitla

Photo 1 : Non loin de Oaxaca, le site archéologique de Mitla. Comme partout ailleurs, les Espagnols ont détruit les sites préexistants et s’en sont servi comme carrière tout en construisant au même endroit. Ceci donne ces ensembles architecturaux surprenants où église chrétienne et palais zapotèque (apparemment) cohabitent! On peut encore deviner à certains endroits des traces de peinture rouge.


Photo 2 : Un détail de la dentelle de pierre, installée par les Zapotèques dans ces palais et temples. On a l’impression d’y voir un félin mais c’est une idée toute personnelle ! Ces motifs sont au nombre de 14, lesquels symboliseraient le ciel, la terre, le serpent à plumes (le quetzalcoatl des Aztèques)


Photo 3 : vue plus générale des mosaïques de pierre. Les techniques sont diverses. Le linteau (au dessus des portes) est un énorme monolithe sculpté. Deuxième possibilité ; des pierres assez petites (tenant dans la main) ont été taillées de sorte que le motif ressorte. Enfin la pierre est taillée à la largeur du motif et mis quelquefois à l’oblique sur d’autres pierres horizontales.


Photo 4 : Un exemple du “ Grupo de las Columnas”. L’ensemble comporte un patio auquel on accède par un escalier puis des passages étroits. Le patio même est très décoré avec les mosaïques de pierre qui étaient peintes.

Le site zapotèque de Mitla date des trois derniers siècles avant la conquête espagnole et n’a pas trop mal survécu aux outrages du temps.
Malgré des destructions voulues par les conquistadors qui, symboliquement, installaient leur pouvoir religieux en lieu et place de l’ancien, de nombreux éléments ont été préservés.

L’ensemble est apparemment constitué de monuments religieux, de palais et plus loin de fortifications. Sur ces constructions, on peut donc admirer des techniques absolument magnifiques de pierres finement taillées ou sculptées qui ont été insérées dans les frises à l’aide de mortier. Les bâtiments entouraient des patios eux aussi décorés.

Le site comporterait également des tombes de rois zapotèques. Selon la légende et une chronique du moine Francisco de Burgoa , les Espagnols les auraient trouvées mais scellées. Alors si vous vous sentez une âme d’archéologue aventurier, laissez vous tenter par les dentelles de pierre de Mitla. Il faudra juste convaincre le gardien qui, pour information, n’est pas pressé de vous rendre la monnaie !

Autre trésor zapotèque à voir : les codexes, sortes de parchemin qui racontent les mythes et l’histoire de ce peuple. Mais pour cela, il faut se rendre au musée anthropologique de Mexico, qui soit dit en passant, a une très belle muséographie.