mercredi 31 octobre 2007

l'Araucanie et la région des lacs, Chili

Photo 1: malgre ce cadre enchanteur, la Xe région (celle de l'Araucanie) souffre de problèmes de pollution liés notamment á l'élevage de saumon intensif, ce qui touche à la fois les eaux douces et salees puisque les saumons passent de l'un à l'autre milieu avec intervention humaine.
Photo 2: sur les pentes du volcan Osorno, printemps en hiver ou l'inverse. Toujours est-il que les filles ont connu le plaisir de la glisse sans ski.
Photo 3: Japon ou Chili?Mais pas de doute possible, nous avons connu un magnifique printemps dans l'Araucanie au Chili. Le volcan s'appelle le Cabulco.


Photo 4: depuis Puerto Varas, vue sur le volcan Osorno (2600 m). Nous avons eu la chance de le voir sous le soleil, alors que la région est très pluvieuse.


Photo 5: vers Ensanada, payage bucolique avec de nombreuses propriétés agricoles oú l'on trouve un excellent miel, celui d'ulmó, un arbre de la région.


Photo 6 : des indications pour le moins insolites à la fois espagnoles et allemandes vers Ensanada en Araucanie.
Les kuchen sont des tartes bien épaisses et très appréciées dans la région. Elles sont d’origine allemande et sont arrivées avec des populations de langue allemande vers 1850. Mais les générations suivantes ont perdu la langue d’origine.

Après le désert d’Atacama et le franchissement en direct du Tropique du Capricone, nous voici en Araucanie, c'est-à-dire en plein centre du Chili, vers les 41° de latitude Sud. Nous avons franchi trois bons milliers de km en avion pour arriver dans cette zone située à plus de 1000 km au sud de Santiago.
Très précisément, nous avons logé à Puerto Varas, situé tout près de la grande ville de Puerto Montt. Changement total de décor par rapport au désert. Ici lacs et volcans enneigés surplombent majestueusement les paysages qui ressemblent à un savant mélange de paysages typiques de plusieurs pays. D’abord la Nouvelle-Zélande, la Suisse ou encore la région auvergnate avec des lacs innombrables, de verts (et humides) pâturages et des vaches nombreuses dans un décor dominé par des sommets enneigés. Les maisons et les panneaux rappellent peu ou prou le sud de l'Allemagne alors que les deux volcans (Osorno et Calbuco) recouverts de poudreuse et le printemps qui couvre les pommiers et pêchers de fleurs blanches nous transportaient quelque part du côté du pays du Soleil levant.
Les coquettes maisons ou fermes colorées en bois, les kuchen (pâtisseries) proposées aux visiteurs, les noms d’origine allemande contribuaient au dépaysement après les décors désertiques d’Atacama. On a dû se pincer pour réaliser que nous étions restés dans un seul et même pays.

mardi 30 octobre 2007

vie et survie humaine dans le désert d'Atacama

Photo 1: la jolie place centrale de San Pedro d'Atacama et son église. Celle-ci est constituée de murs en adobe (mélange de terre et de paille séchée puis le tout est recouvert de peinture). La charpente est faite en bois de cactus de la région et d'adobe. Résultat: un bâtiment frais tout à fait adapté aux températures du désert.




Photo 2: dans les rues poussiéreuses de San Pedro, le tourisme fournit des revenus à une grande partie des habitants. Parmi ces derniers, un chef français avec qui nous avons taillé une bavette! C'est le cas de le dire.






Photo 3: malgré le vide apparent de ce cliché, le désert d'Atacama abrite des trésors très recherchés. On devine une mine au loin! Le Chili exporte ainsi du minerai de cuivre qui fait de lui un des rares pays au niveau de vie assez élevé par rapport à ses voisins péruvien ou bolivien. Mais la structure des échanges commerciaux traduit la dépendance du pays à l'égard des pays développés qui achètent minerais, phosphates, etc.



Photo 4: A Toconoa, à la sortie du village, une maison quelque peu isolée faite de bric-à-brac, du moins en apparence, semble tout de même accueillante avec son jardin et ses arbres alimentés par l'eau d'un canyon tout proche. Une petite oasis familiale qui offre une fraîcheur relative. Mais attention aux idées reçues, le désert peu aussi être très froid la nuit lorsque les températures descendent en dessous de 0°c.



Photo 5: A Socaire, tout petit village situé à plus de 100 km de San Pedro, vue sur l'église du village, faite en adobe et dont le toit est constitué de bois de cactus. Les champs aux alentours rares mais essentiels, sont faits de plantation de quinoa ("le riz des Incas") qui reçoivent tout de même de l'eau transportées de très loin depuis les montagnes.




Photo 6: dans le désert d'Atacama, une propriété agricole, réduite à peu de choses en apparence. Mais animaux et terrasses agricoles irriguées ou sèches sont quelquefois bien cachés dans le creux des vallées comme sur ce cliché.


A San Pedro d'Atacama et ses alentours, les humains têtus, ont depuis longtemps survécu. Les Chinchorros sont ainsi très connus comme les premiers à avoir transformé leurs morts en momies et ce, bien avant les Egyptiens. A l'heure actuelle, si on ne trouve plus de momies, les êtres humains sont toujours là, résistant vaillamment à la chaleur et à la poussière. Ils luttent souvent dans les mines pour assurer le quotidien. Mais le tourisme très développé dans cette région offre des revenus substantiels aux habitants. Le tout dans une ambiance particulière et assez agréable (si ce n'est la poussière) car les quelques rues sont le royaume du piéton et offrent de l'ombre sauf lorsque le soleil est au zénith. Des chiens lascifs sont légion dans les rues mais ne sont jamais agressifs. La petite cité de San Pedro prend presque des allures de village africain! Seul regret: un joli pavage comme autour de la place centrale serait d'un grand secours pour tout le monde car les villageois luttent sans cesse contre la poussière en arrosant le devant de leur maison.

Autre bizarrerie: un peu partout dans le désert d'Atacama, dans les villages, les rues ne sont pas bitumées ou pavées. Mais dès que l'on sort de ces espaces, les routes sont correctes. Plutôt étrange ou alors cela vise à faire ralentir l'automobiliste trop pressé!

vendredi 26 octobre 2007

De volcan en geyser, sur l'altiplano chilien

Photo 1: la lagune au pied du volcan Miscanti (plus de 5000 m d’altitude) au bleu scintillant et absolument irréel tellement c’est beau !
Photo 2: le renard du désert appelé zorro en espagnol. Plutôt drôle non. Jamais durant notre parcours nous n’avons été aussi près d’un animal « sauvage » qui avait autant « envie » d’être apprivoisé.

Photo 3 : les geysers du Tatio au pied du volcan du même nom. Ils sont les plus hauts du monde, à plus de 4300 m d’altitude. En fait tout un champ de geysers etait visible mais ici nous avons photographie un seul avec le volcan a l'arriere-plan. On peut aussi observer de simples fumerolles. Mais le tout s'arrete a 8 heures du matin.


Photo 4: bien occupés dans leur nid, un couple de Tagua Cornuda.



Photo 5: joli couple d’oiseaux en pleine peche. Leur nom scientifique est Guallata Andina.




Photo 6: dans une lagune sur la route du retour des geysers, un vizcacha, un lapin à la drôle de queue, bien longue et en tire-bouchon.





Photo 7: nous ne résistons pas au plaisir de vous montrer encore une fois des flamands roses, d’autant que deux espèces apparaissent ici. Ceux qui ont la queue noire sont les flamands andins et ceux qui ne sont que roses et blancs sont les flamands du Chili.
A Atacama, l’impression d’un espace désertique est vite corrigée, lorsque l’on se rend sur l’Altiplano pour voir les volcans Miscanti et Miniques au pied desquels s’étendent des « Lagunas »(en réalité des petits lacs de montagnes) au bleu si intense qu’il en paraît irréel.
Au risque de se répéter l’endroit est vraiment magique et grandiose. L’herbe appelée « Ichu » prend ici une teinte jaune brillant, les volcans quelque peu enneigés se reflètent dans des lacs miroirs. Lorsque l’on a franchi une crête et que l’on s’approche de l’eau, oiseaux et « vicunas » (vigogne) sont au rendez-vous, tout en étant assez farouches.
Puis au détour d’un virage, le moment est intense : un renard du désert se tient à deux ou trois mètres de la voiture, nous observe, prêt à se sauver au moindre mouvement que l’on ferait.
Alors nous prolongeons l’instant. Mais comme dans la rencontre du petit prince avec le renard dans le très beau récit de Saint-Exupéry, il ne demande qu’à être apprivoisé. Enfin plus exactement il guette toute nourriture qu’on lui donnerait. Sagement, nous repartirons sans céder car donner à manger à ces animaux sauvages ce serait les condamner à court terme puisqu’ils perdraient leurs capacités de chasseurs.
Le lendemain, réveil difficile à quatre heures du matin pour arriver deux heures plus tard aux geysers du Tatio, non sans avoir auparavant goûté au charme d’une piste (de 100 kilomètres) cahotante pour ne pas dire chaotique tant nous avons été secoués. Pour mieux observer les fumerolles et geysers très réservés, il faut respecter ce rendez-vous très matinal car ces phénomènes naturels se réveillent chaque matin et ils se rendorment jusqu‘au lendemain même heure. Beaucoup de gens présents sur les lieux sont imprudents car ils se mettent presque dans les geysers pour immortaliser l’instant. Mais après leur départ, vers huit heures, même si l’activité des geysers a diminué cela devient très beau.
Le rideau s’abaisse vers huit heures 30. Nous redescendons tout doucement. Mais en route un autre spectacle naturel nous attend. Une toute petite lagune perdue au milieu de nulle part, ou plutôt au pied d’un énième volcan, concentre une activité animal intense. Canards, oiseaux, lapins plutôt originaux à la queue en tire-bouchon, flamands roses (le chilien et l’andin) sont au RDV. On ne se lasse jamais de les voir et de les photographier.

jeudi 25 octobre 2007

Que de vie dans le desert.

Photo 1 : des flamands roses si calmes et majestueux au milieu de la lagune de Chaxa, point d’eau situé au milieu des « salars » d’Atacama, une immense zone recouverte de sel. Les animaux y vivent toute l’année ou sont en transit. Ici deux flamands andins reconnaissables a la queue noire.
Photo 2: magnifique petit lézard aux écailles brillantes qui s’est adapté au milieu hostile des salars.

Photo 3 : un bel oiseau au bec presque "retourne", le Caiti, lui aussi, a élu domicile dans cette zone étrange des salars.

Photo 4 : malgré le désert, l’homme survit et avec lui quelques animaux domestiques. Cet âne que nous avons croisé avec plusieurs autres à la sortie de San Pedro d’Atacama semble maintenant vivre en semi-liberté. Peut-être avait-il une utilité dans les mines à l’époque où les camions étaient rares mais cela n’est plus le cas maintenant.








Photo 5 : insolite pour le moins, un troupeau de chèvres survit à l’ombre de grands arbres qui ont été plantés à la sortie de San Pedro d’Atacama.





Désert, milieu hostile à toute présence ? Rien n’est moins sûr du moins dans le cas du désert d’Atacama. En effet dans les zones des salars et lagunes (points d’eau situés en altitude ou au milieu des espaces recouverts de sel), la vie est bel et bien présente. Les mammifères sont rares (des petits rongeurs que nous n’avons pas réussi à voir) mais les oiseaux sont nombreux. C’est ainsi que le désert d’Atacama accueille trois sortes de flamands roses (le chilien et l’andin surtout en été et le flamand de James plus petit surtout présent en hiver). Nous avons certainement vu des flamands andins qui ont la queue noire. Très courant également le petit caiti au bec retourné vers le haut fouille sans cesse l’eau. Un petit lézard tout brillant et très coloré est tres present aussi dans la zone des salars.

dimanche 21 octobre 2007

Désert, vous avez dit désert? (celui d'Atacama au Chili)

Photo 1: à la sortie de San Pedro d'Atacama, petit village perdu au Nord du Chili, un aspect déjà étonnant du désert. La végétation est semi-aride et au second plan le volcan Licancabur (5616 m) qui forme en fait avec de nombreux autres cratères la colonne vertébrale de la Cordillère des Andes.
Photo 2: la vallée de la lune au soleil couchant. On voit ici la magnifique alternance des types de roches et de relief. Sable noir, belles strates orangées éclairées par le soleil. On devine au 3e plan l'oasis de San Pedro d'Atacama et bien sûr de très beaux volcans (le Chili en compte quelque chose comme 140!) presque tous actifs.

Photo 3 : Cet endroit porte bien son nom : c’est encore la vallée de la lune ! En ce lieu, nous avons vu aussi bien des dunes de sable que des « murs » de pierres aux reflets orangés au coucher du soleil.




Photo 4 : Voici un petit canyon que l’on peut admirer d’un petit pont et sous un soleil de plomb. Cette eau vient de la montagne et permet à quelques arbres de résister dans le petit village de Toconao.
Photo 5: Contrairement aux photos suivante et précédente, là pas d’eau sur des kilomètres… rien que du sel. Pourtant le désert est extraordinairement riche en vie animale (malgré le sel) ainsi que végétale alors que l’on s’imagine souvent le désert comme un endroit sans vie.

Photo 6: les salars d'Atacama, une sorte de dépression (creux) au coeur du désert. Ici l'eau affleure et avec elle la vie notamment, animale. Mais on devine aussi au second plan le sel, en très grosse quantité.

« J’ai envie de changer d’atmosphère ». Beaucoup d’entre vous connaissez cette réplique de Louis Jouvet dans le film Hôtel du Nord.

C’était un peu aussi notre idée que de changer d’atmosphère. Après les villes américaines où les foules nombreuses errent, le Pérou superbe mais toujours si rempli de monde, Santiago du Chili grouillante de monde, nous rêvions un peu d’espaces vierges et vides. Le désert d’Atacama au nord du Chili tombait donc à pic. Mais autant vous le dire tout de suite, nous étions venus avec des idées bien arrêtées sur ce qu’est un désert (ah les ergs et regs que l’on confond si facilement). Mais au Chili, il faut abandonner tous ces stéréotypes car si l’on y trouve effectivement des dunes de sable et des zones rocheuses, les paysages sont très variés.

Certes, le désert chilien est réputé le plus aride du monde (certains points n’ont pas eu d’eau depuis des années) mais l’eau est bien plus présente qu’on ne pourrait le croire ; salée (dans les salars) ou plus ou moins douce dans de rares canyons, elle permet un peu de vie animale ou humaine.

Plus spectaculaire encore dans la zone, toute une chaîne de volcans très élevés (au moins 5000 m) domine le paysage aride. Et même en ce mois d’octobre, leurs flancs sont piquetés d’un peu de neige qui alimente salars et canyons. C’est aussi grâce à ces volcans très hauts que l’on peut admirer sur l’altiplano des lagunes superbes, ou encore des geysers et autour de tout cela une vie animale très riche. Mais tout cela c’est une autre histoire que l’on vous racontera dans les prochaines chroniques (on en a tellement à raconter et à montrer).

mercredi 17 octobre 2007

En descendant la vallée sacrée des Incas, de Pisac à Machu Picchu

Photo 1: la vue ô combien célèbre du Machu Picchu, la cité retrouvée des Incas. Fort heureusement les Espagnols ont ignoré son existence, ce qui l'a sauvé de la destruction, alors que le lieu est magique et presque intact. Une nouvelle menace pèse sur lui à en croire des chercheurs japonais: la horde des touristes qui par leurs pas accentueraient le risque de glissement de terrain. Déjà le pic rocheux que vous voyez en face et qui s'appelle Hayna Picchu (la pointe la plus élevée du lieu) ne reçoit plus que 500 visiteurs au maximum. Mais bon il est tellement dur d'accès que nous l'avons laissé à des plus courageux que nous. Piètres touristes!
Photo 2: la porte d'entrée principale de Machu Picchu. Remarquer le juducieux système d'accrochage au sommet pour pouvoir soulever la porte et les deux crochets à gauche et à droite qui devaient contribuer à la solidité de la protection.








Photo 3: on se serait cru dans l'émission des trains pas comme les autres. Mais en fait on y était pour de bon. Ici le train nous a mené d'Ollantaytambo à Machu Picchu et au retour jusqu'à Cusco. Le retour est assez épique en 4 heures car comme Cusco est dans une cuvette, le train recule et avance trois fois, pour pouvoir descendre la pente. Plutôt surprenant et rigolo car on peut admirer la ville de nuit au moins trois fois.
Photo 4: une vue générale de la vallée sacrée des Incas, traversée par le cours d'eau Urumbamba. Remarquer le contraste entre le fond de vallée très fertile et les versants souvent terrassées mais plus secs. Quand aux sommets, ils sont encore enneigés au mois d'octobre. C'est très beau mais surtout très important dans la culture des peuples de cet espace, qu'ils soient précolombiens ou actuels.

Photo 5: sur le site d'Ollantaytambo, des pierres d'un temple non terminé. On voit très distinctement les emboîtements (comme sur un jeu de lego) des pierres. Ceci explique la solidité des bâtiments incas. Mais ces derniers n'ont rien inventé, ils ont utilisé les techniques d'autres peuples avant eux (notamment la civilisation de Tihuanaco). Remarquez aussi le volume des pierres taillées transportées par rampe et par halage d'un site situé 6 km plus loin. Les Incas détournaient même les rivières pour faire circuler leurs blocs de pierre. Travail titanesque!

Photo 6: le site de Pisac avec les terrasses agricoles et le lieu de "recherche agronomique". Le lieu révèle en fait la présence d'une cité complète avec village, cimetière (plus que pillé), lieu de fabrication de poterie, lieu de stockage des récoltes.

Photo 7: Intihuatana (observatoire astronomique et temples) de Pisac. On voit distinctement deux types de construction qui ne relèvent pas de deux époques mais sont liées à des fonctions différentes. Les pierres en assise bien taillées sont des temples, le mur plus grossier était le lieu de vie des prêtres.
Après Cusco, nous voici dans la vallée sacrée des Incas, celle de l'Urubamba, qui au fur et à mesure qu'on la redescend, devient un cours d'eau tumultueux, largement alimenté par les neiges des sommets majestueux, tandis que la végétation se transforme. Si à Pisac, la végétation naturelle est peu présente et les zones cultivées sont assez sèches au mois d'octobre, la forêt devient presque tropicale et très dense du côté du Machu Picchu. Ceci explique pourquoi les Espagnols n'ont jamais pu découvrir ce dernier site, absolument époustouflant, redécouvert par l'Américain Hiram Bigham en 1911. Il fascine tous les visiteurs (et ils sont très nombreux) et on comprend pourquoi le lieu (un de plus au Pérou) a été classé au patrimoine mondial de l'humanité.
Moins connus mais tous aussi intéressants, dans cette célèbre vallée, nous avons pu voir également les sites de Pisac et d'Ollantaytambo. Ces deux sites ont malheureusement été abîmés par les Espagnols pour deux raisons. Ces cités étaient à la fois lieux de vie avec des terrasses agricoles remarquables, des espaces militaires et abritaient des lieux où les Incas étudiaient les astres et pratiquaient leurs cultes (on les appelle Intihuatana). Donc les Espagnols ont consciencieusement détruit ces espaces.
Malgré tout, nous autres visiteurs pouvons apprendre beaucoup de ces vestiges. Ainsi à Pisac, les terrasses agricoles sont surplombées par des "villages" où les Incas faisaient des essais agronomiques (c'est ce que l'on peut voir sur la photo 6) tandis que sur l'Intihuatana, on voit des temples très bien taillés (pierres en assise, donc empilées à l'horizontale) entourés de constructions plus grossières qui étaient en fait les lieux de vie des prêtres.
A Ollantaytambo, site très impressionnant, un bon guide vous expliquera que les Incas n'ont pas eu le temps de terminer le temple. On voit encore la rampe d'accès sur le piton rocheux qui a permis d'amener les pierres déjà taillées, la manière dont elles étaient assemblées très solidement mais sans mortier, avec le système d'emboîtement des pierres concaves et convexes (voir photo 5). Faut-il le répéter: c'est très impressionnant quand on pense qu'ils n'avaient pas d'outils en fer, ni de roue, ni d'animaux pour les aider (un lama supporte seulement 30 kilos).
A Machu Picchu, clou du voyage que nous avons atteint par le rail (un train vraiment pas comme les autres entre Cusco et Aguas Calientes), tout ou presque déjà avait été dit par les autres guides sur les techniques de construction incas. Mais le
Machu Picchu (qui signifie vieux pic) est toujours bondé de monde comme toutes les merveilles du monde! On sait peu de choses de la fonction de certains bâtiments si ce n'est qu'ils étaient utilitaires (lieux de vie), religieux ou agricoles. On comprend certaines techniques (pierres rondes) pour pouvoir attacher le toit en paille, et murs inclinés pour mieux résister aux tremblements de terre. Mais les lieux restent très mystérieux et magiques d'autant qu'ils sont souvent entourés de nuages.
Seule ombre au tableau, à Aguas Calientes (qui signifie eaux chaudes), le village voisin, les hôtels et restaurants relèvent d'un "urbanisme sauvage" et absorbent assez mal le raz-de-marée touristique. Enfin, ce n'est pas que l'eau qui est chaude "pero la cuenta tambien"! (Cela veut dire" mais les additions aussi")

lundi 15 octobre 2007

Cusco, le nombril du monde

Photo1: une vue sur la Plaza de Armas, à Cusco bordée de monuments religieux catholiques et de constructions avec arcades et balcons. Il faut déambuler un peu plus loin pour retrouver le Cusco inca.

Photo 2: Le site de Coricancha, à Cusco. On peut voir les bases du temple du Soleil (mur gris) et au dessus l'église Santo Domingo. Si les murs incas très solides ont résisté aux séismes, l'église a été reconstruite après 1650.

Photo 3: jolie série d' arcades et de balcons en bois de style espagnol le long de la Plaza de Armas.

Photo 4: l'imposante cathédrale de Cusco, de style baroque sur la Plaza de Armas. Elle fut construite à l'emplacement de palais incas.

Photo 5: la pierre à 12 angles dans la rue Hatunrumiyoc. La pierre fait la taille d'un enfant de 7 à 8 ans.

Photo 6: le site admirable de Sacsayhuaman, aux pierres monumentales, dont il ne reste que les bases, comporte 22 pointes, symbolisant les dents de puma.

Selon la légende, la ville de Qosq’o, qui signifie « le nombril du monde » fut fondée par Manco Capac au 12e siècle. La ville contemporaine gardent bien des traces du passé inca : ainsi les bases du temple de Coricancha (en quechua cela signifie « cour d’or ») ont résisté au temps et aux destructions volontaires. Avant l’arrivée des Espagnols, comme il s’agissait du plus grand temple du Soleil de l’Empire inca, ses murs étaient recouverts d’or massif et d’argent. Des reproductions grandeur nature de plans de maïs, de lamas, le tout en or et en argent existaient dans la cour. Bien sûr, toutes ces fabuleuses richesses ont été pillées par les premiers conquistadors. Le temple de Coricancha fut largement détruit pour laisser la place à l’église Santo Domingo. Mais aujourd’hui un mur courbe se voit toujours sur le site. Il a résisté aux destructions des Espagnols, et aux séismes qui ont rasé la plupart des édifices coloniaux de Cusco. Ce qui montre que les techniques de construction inca, notamment le fait d’emboîter les pierres entre elles, l’une étant concave et l’autre convexe, l’inclinaison à 9 degrés et des formes trapézoïdales pour les murs étaient vraiment remarquables.

En 1533 Pizarro « refonde » Cusco. La place principale, à savoir la Plaza de Armas est bien espagnole : l’on peut y admirer la cathédrale et l’église de la Compania qui ont été construites sur les ruines du palais du Viracocha Inca et celui du Huayna Capac. La place est bordée d’arcades et de balcons en bois très jolis.

Mais la ville reste tout de même truffée de nombreux vestiges incas: dans la petite rue qui se nomme Hatunrumiyoc, non loin de la Plaza de Armas, nous avons pu voir la célèbre pierre à douze angles. Elle provient d’un mur du palais du sixième Inca, Inca Roca. La technique de construction des Incas était absolument remarquable : sans outils en fer, sans la roue, sans l’aide d’animaux, les Incas savaient tailler la pierre et construire des bâtiments très solides qui résistaient aux tremblements de terre contrairement aux constructions espagnoles. Ils étaient non seulement solides mais parfaitement ajustés (une feuille de papier ne peut être glissée entre les murs) et cela sans aucun mortier !

Autre site remarquable à la sortie de Cusco, celui de Sacsayhuaman dont le nom quechua signifie « faucon satisfait ». Les Incas planifièrent Cusco en forme de puma, Sacsayhuaman en était la tête et les 22 murs en « zigzag » en étaient les dents. Les pierres installées là ont vraiment des tailles impressionnantes puisque l’une d’entre elle pèse plus de 300 tonnes. Même 2 camions n’ont pu la soulever ! Pourtant le site a été largement détruit car il a servi de carrière aux Espagnols pour leurs constructions (celle de la cathédrale notamment) et aux Cusquenos qui venaient se servir sur le site jusqu’au milieu du XXe siècle.

Maintenant que la ville a été classée au patrimoine mondial de l’humanité, ces sites archéologiques sont heureusement bien mieux protégés. Bref, vous l’aurez compris, la déambulation dans Cusco est un vrai plaisir sauf dans les petites rues très étroites, où le piéton n’est jamais prioritaire comme partout au Pérou.

dimanche 14 octobre 2007

De Puno à l'île de Taquile où les hommes tricotent

Photo 1 : en route pour Puno et en quittant Arequipa, nous avons traversé la réserve de Agua Lagunas. De jolis flamands roses s'ébattaient dans de nombreux points d'eau mais impossible de les approcher de trop près.
Photo 2: vue sur la cathédrale de Puno, petite ville du Lac Titicaca. Le lieu de culte est une jolie pièce de l'art baroque espagnol. Remarquer autour les constructions quelque peu chaotiques et qui ne semblent jamais finies. C'est le cas dans toutes les villes du Pérou, en général bruyantes, oùil ne fait pas bon être piéton (malgré le feu favorable) et en général sales.

Photo 3: à 30 mn de Puno, le magnifique site de Sillustani. Le promontoire encadre deux lacs et il a été choisi par de nombreuses civilisations depuis l'antiquité (celle de Colla, de Tihuanaco) puis par les Incas pour abriter temples et monuments funéraires. Ici on peut voir un monument inca avec les grosses pierres taillées qui entourent des pierres plus grossières. Remarquer les "trous" dans les grosses pierres qui font qu'elles s'emboîtent et résistent mieux aux tremblements de terre.






Photo 4: au large de Puno, sur le lac Titicaca, l'ethnie Los Uros a préservé jusqu'à nos jours un mode de vie tellement particulier. Ils se sont installés sur des îles flottantes constituées de Totora (une sorte de grand roseau). Tout en étant ouvertes aux touristes, les îles sont réellement habitées et des bateaux superbes permettent d'établir le lien avec la terre ferme. Certaines îles abritent un mirador, une école, et même une station service pour les bateaux à moteur.




Photo 5: une danse traditionnelle des habitants de Taquile, une île posée au milieu du lac Titicaca. Dans cette société rurale, la danse tourne souvent autour du thème de la fertilité. Ainsi on peut remarquer aue l'homme tient une araire.





Photo 6: un homme en costume traditionnel sur l'île de Taquile, qui se situe à plus de trois heures de bateau de Puno, sur le lac Titicaca. Les habitants ont préservé farouchement leur mode de vie traditionnel. Les hommes tricotent eux-même leur bonnet (tout rouge pour les hommes mariés et blanc et rouge pour les célibataires). Pratique pour trouver l´âme soeur! Les femmes elles ne font que des tissus, absolument superbes et d'ailleurs classés au patrimoine mondial de l´humanité.

Qui dans sa vie d'écolier n'a entendu parler du lac Titicaca. Rien que le nom nous faisait rire sans compter que nous apprenions que c'était le lac navigable le plus haut du monde (4000 m d'altitude) et qu'il constitue la frontière entre Bolivie et Pérou. D'abord on le prononce mal, en langue quecha (la langue des Incas), il faut dire Titi'a'a. Mais bon. En tout cas, le lieu nous semblait bien exotique. C'est encore plus vrai après avoir vu une infime partie des paysages qui le bordent.
Tout d'abord, en partant de Puno et en se rendant sur les Islas Flotantes, situées à dix minutes en bateau, le choc culturel est déjà brutal. Même si ces îles sont touristiques, les Uros qui y vivent, ont su préserver leur mode de vie, presque hors du temps. Imaginez: ils attachent (grâce à des troncs) ensemble des racines de totora (sorte de grand roseau). Cela forme de grandes îles flottantes où ils vivent en permanence. Maintenant le tourisme est passé par là mais le choix de vivre sur ces espaces est toujours d'actualité. Ils ont de superbes bateaux constitués de totora, des maisons, des miradors, etc. Accessoirement, le totora se mange (partie blanche qui a un goût d'asperge). Bien sûr, l'artisanat des Uros est très riche et se vend bien auprès des touristes.
Après trois heures dans un bateau à moteur, nous sommes arrivés sur l'île de Taquile, suspendue à plus de 400 m au dessus du niveau du lac sur une île de 6 km2. Nous avons été reçus dans une communauté aymara, qui préserve farouchement son indépendance, ses coutumes, ses costumes, son cadre rural au milieu du lac. Le lieu est très beau.
Et même si nous avons quelquefois l'impression d'être des "voyeurs", venus pour quelques heures voir un mode de vie traditionnel, on en prend notre parti. Pourquoi? L'argent tiré du tourisme permet de maintenir un certain équilibre dans la communauté qui préserve toujours son mode de vie. C'est ainsi que l'on croise des hommes ou de jeunes garçons, tous en costume traditionnel en train de tricoter leur fameux bonnet, tout en marchant!. Filles et garçons tissent des bracelets et autres jolis objets vendus aux gens de passage. Mais surtout les femmes tissent de très beaux tissus riches en couleurs et très fins, qui valent tous les trésors, vu la finesse de l'art et le nombre d'heures de travail. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ces tissus ont été classés au patrimoine mondial de l´humanité. On comprend aussi où les grands couturiers européens vont chercher idées et petites mains peu chères et passent ensuite pour des génies de la haute couture!
Alors si en venant chez eux on peut à petite échelle maintenir et sauver ces lieux en évitant que ces gens aillent grossir un peu plus les horribles banlieues de Lima ou de Juliaca, tant mieux!




jeudi 11 octobre 2007

Arequipa la blanche

Photo 1 : Arequipa compte de magnifiques constructions de l’époque coloniale, toutes taillées dans la pierre volcanique blanche de la région, que l’on appelle sillar.
Photo 2 : Arequipa dort à l’ombre de trois énormes volcans, dont le Misti (au fond sur l'image), qui dépasse les 5000 m tandis que la ville elle-même se situe à plus de 2000 m d’altitude. Attention la photo a été prise de l'autre côté de la ville, sur l'altiplano, lorsque nous étions en route pour le lac Titicaca.

Photo 3 : l’un des multiples recoins du monastère Santa Catalina à Arequipa, un somptueux ensemble de bâtiments, qui constitue en fait un grand village à l’intérieur d’Arequipa






Photo 4 : la Plaza de Armas à Arequipa, où l’on trouve également une cathédrale qui occupe tout un côté du grand carré de la place. Ici une enfilade d'arcades où il fait bon flâner.















Photo 5 : Rencontre avec Juanita dans un musée. Cette jeune fille inca (12-13 ans) fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Son corps gelé fut retrouvé voici quelques années. Lisez en dessous l’histoire fascinante et terrifiante de ces enfants sacrifiés.







Photo 6: La jeune Juanita retrouvée au sommet et même dans le cratère du volcan Ampato. La rencontre avec la jeune fille remue tous les visiteurs.



Après neuf heures de bus (oui vous avez bien lu), nous voici donc à Arequipa à 11 heures du soir, la deuxième ville la plus importante du Pérou. Le ton est donné très vite car nous nous retrouvons dans une vieille demeure coloniale mais cette fois-ci très belle et bien rénovée, contrairement à Lima.
On connaît cette ville sous le nom de « ville blanche » à cause de la couleur de la pierre volcanique (le sillar) utilisée pour les magnifiques bâtiments du centre-ville. Ce n’est pas un hasard si le site a été classé au patrimoine mondial de l’humanité en 2000 car Arequipa est vraiment très belle.
Hormis la ville elle-même où il fait bon flâner, le monastère Santa Catalina vaut lui aussi le déplacement. C’est une petite ville superbe au sein de la ville. Le monastère fut fondé en 1580 par une Espagnole et n’accueillait que des cadettes de famille espagnoles très riches. Mais si elles étaient cloîtrées, elles menaient grand train de vie à l’intérieur (quatre à cinq servantes et esclaves à leur service) et aucune obligation commune (les repas étaient pris en chambre). Bref, c’était un monastère plutôt bizarre qui fut réformé en 1871 avec de vraies règles monastiques ! Mais quel bon goût transparaît dans ces lieux, du moins d’un point de vue de l’architecture ! Cela donne presque envie de se faire religieuse !
Notre dernière rencontre à Arequipa fut du troisième type car nous avions un RDV avec une "momie", surnommée Juanita. Et oui la ville abrite un superbe musée qui nous fait découvrir des pratiques particulièrement choquantes a priori mais que l’on comprend mieux a posteriori. On en sort même quelque part bouleversé. Imaginez : vous êtes une jeune fille inca au XVe siècle, de très riche famille et très belle. A ce double titre, vous êtes choisie par des prêtres pour être sacrifiée aux dieux des montagnes et singulièrement celui du volcan Ampato. C’est un honneur d’être « élue » car vous rejoindrez quelque part les dieux. C’est ainsi que cette jeune fille de 12-13 ans part de Cusco certainement, fait des centaines de km pour rejoindre le site du sacrifice. On l’imagine épuisée, ayant mâché des feuilles de coca, bu de la chicha (bière de maïs) et mangé un dernier repas de maïs. Elle est finalement tuée d’un coup de massue et enterrée dans la position fœtale dans un grand panier qui sera placé au bord du cratère. Le froid à cette hauteur conservera le corps glacé qui a été retrouvé voici quelques années. Difficile de rester insensible à cette histoire terrible (qui se répète sur de nombreux sites volcaniques et concerne filles et garçons) mais on entre plus dans la logique des Incas en voyant toutes les pièces du musée, car au fond dans l’esprit de ce peuple, il s’agissait de rendre aux dieux ce qu’ils nous donnaient (des terres fertiles) ou d’éviter leur colère.