lundi 12 janvier 2009

Plongée chez les artisans au coeur de la médina de Fès

Photo 1: tailleur de "zelliges". les petites pièces de céramique sont cuites avec leur couleur (le pigment est naturel) puis taillées très habilement avec une sorte de petite hache fine. Une fois la forme obtenue, les pièces seront intégrées dans des tables, des fontaines ou mises sur des murs.
Photo 2: le quartier des tanneurs à Fès, image totalement surréaliste d'une activité séculaire. On est à la fois dans le très beau (par les couleurs) et le très désagréable (avec des senteurs à faire vomir). Aussi les délicates narines des touristes sont-elles plus ou moins protégées avec des brins de menthe. Quant aux tanneurs et habitants de Fès (Les Fassis) rien de bien choquant a priori, puisqu'ils mangent même à proximité! Précision d'importance: le site est classé au patrimoine mondial de l'humanité. Il est vrai qu'il est extraordinaire: une palette à ciel ouvert pour peintres ayant besoin d'une immense toile.

Photo 3: la brodeuse de Fès exécute sans tracé préalable un motif géométrique qui peut se voir des deux côtés sans que l'on puisse distinguer d'envers ou d'endroit. Les prix sont ridiculement bas au regard (c'est le cas de le dire) des heures passées sur l'ouvrage. Travail épuisant qui abîme les yeux car il faut compter les fils de trame mais il n'est jamais considéré comme parfait, car comme dit le marchand, seul Dieu est parfait (?). Donc toute brodeuse "cache" un défaut dans son travail pour montrer son humilité!

Photo 4: les belles assiettes aux couleurs de Fès dont les artisans sont célèbres pour avoir mis au point le bleu et le vert qui portent donc le nom de la ville.

Photo 5: la fabrication d'une assiette par un artisan. Après une première cuisson de la poterie, celle-ci est recouverte de dessins, qui vous le voyez ici, demandent un travail délicat, dentelé pour ne pas dire ciselé. Toutes les couleurs sont naturelles (ici un bleu cobalt qui après cuisson prendra une teinte plus sombre). Bien sûr l'ensemble est cuit à nouveau et voici un magnifique plat. En visitant les boutiques, on a envie de tout acheter, en particulier les beaux plats à tagine qui attirent les gourmets que nous sommes.

Photo 6: Fès est connue pour être la capitale marocaine, voire mondiale de la maroquinerie. Ici un stand de babouches qui sont en général de qualité et faciles à porter.

Fès est la plus ancienne cité impériale du Maroc. Elle fut fondée par la première grande dynastie marocaine celle des Idrissides au VIIIe siècle, plus précisément par Idriss II. Elle reçut aussi l’influence de l’Espagne musulmane et des Arabes du Levant. La ville fut longtemps le centre culturel du pays avec la fondation de la mosquée Karaouine qui abrite une université dès 862. L’influence de la ville est aussi politique car c’est ici que de nombreux mouvements sociaux ou politiques de révolte sont apparus. Ainsi les premiers soulèvements contre les Français sont le fait des Fassis (habitants de Fès) en 1912, dès la création du protectorat et c’est dans cette cité que fut fondé le parti indépendantiste Istiqlal.

La ville est divisée en trois parties : la plus ancienne, Fès-el-Bali est le haut lieu de la vie économique et religieuse de la cité. Elle comporte une immense médina, qui, il faut bien le dire, nous a beaucoup impressionné. Elle grouille d’activités en tous genres, de gens (250 000 personnes y vivent toujours), de couleurs, d’odeurs et de saveurs. Il est très facile de s’y perdre aussi car les ruelles étroites et sinueuses n’offrent guère de repère à l’œil non exercé et même apparemment aux habitués !

Le souk porte bien son nom : les boutiques très nombreuses et souvent petites regorgent d’objets que les marchands se feront un plaisir de vous vanter. Ici le marchandage est de mise, tout se négocie ou du moins tout est négociable. Encore faut-il avoir envie d’entamer le dialogue qui demande doigté et diplomatie !

Fès est aussi mondialement connue pour ses tanneurs qui occupent la partie la plus basse de la ville, pour avoir de l’eau à disposition. Le quartier est riche en couleurs : les artistes ont déployé une palette géante et les pinceaux ne sont rien d’autres que leurs pieds qui trempent dans les bassins. Mais la palette nous gratifie aussi hélas de miasmes assez difficiles à supporter, mais la narine délicate du touriste est quelque peu protégée grâce à un brin de menthe ! Pourtant, ces odeurs peu ragoûtantes sont logiques car l’un des composants qui permet de ramollir le cuir est la fiente de pigeon.

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