lundi 10 décembre 2007

Les Marquises d’hier

Photo 1 : le me’ae (site religieux) de Paeke sur l’île de Nuku Hiva, intégrant à la fois des personnages masculins et féminins. L’ensemble est dominé par la maison du prêtre et le lieu était tapu (tabou), fréquenté par le chef et ses proches mais jamais par les femmes et le petit peuple.


Photo 2 : l’imposant tiki du me’ae de Puamau sur l’île de Hiva Oa. Il fait plus de 2,3 m de haut. Taillé dans la pierre volcanique, il s’abîme hélas assez rapidement. Un tiki est, pour simplifier, un ancêtre divinisé qui sert de lien entre les hommes et les dieux. Il peut être masculin ou féminin mais a toujours des yeux immenses, disproportionnés par rapport au reste du visage.

Photo 3 : la prêtresse papillon ou la nageuse sur le même site de Puamau. Le nom marquisien est Make Tawa Pepe. Les Marquisiens anciens étaient persuadés que les femmes qui mourraient en couches étaient dangereuses. On les divinisait donc et leur offrait des sacrifices.


Photo 4 : un tohua ou place publique où se déroulaient les festivités. Vallée d’Hatiheu sur l’île de Nuku Hiva. La place est toujours bordée d'habitations (paepae) et d'un me'ae (site sacré)


Photo 5 : au pied d’un immense banian, une poubelle sacrée où les anciens Marquisiens jetaient leurs ongles et cheveux pour éviter que quelqu’un d’autre leur prenne leur mana (pouvoir). On y trouve aussi des restes humains (anciens chefs dont la tête était déposée en ces lieux).

Photo 6 : non loin du Tohua (voir photo 4), de nombreux pétroglyphes sont sculptés sur les blocs rocheux. Ici la représentation d’une tortue, animal sacré par excellence, venu de la mer pour pondre sur terre et repartant ensuite pour l’eau qui était aux yeux des Marquisiens, l’équivalent du paradis chrétien pour les âmes défuntes.



Les archéologues pensent avoir repéré aux îles Samoa et Tonga les ancêtres des Polynésiens orientaux et parmi eux les habitants de Fenua’enuata, plus tard devenus les Marquises. Les Marquisiens ont ensuite développé une société très originale que découvrent les premiers Européens au XVIe siècle.

Malheureusement les maladies ont provoqué une hémorragie humaine absolument dramatique : lorsque Cook passe dans l’archipel en 1774, il estime la population à 100 000 personnes au maximum (ce que confirment d’ailleurs les recherches archéologiques). Or en 1926, il reste environ 2000 personnes ! C’est dire si les contacts avec les Européens ont été dramatiques : la diminution de la population (à cause de la variole et les maladies vénériennes notamment) a entraîné une remise en cause des valeurs traditionnelles, une destruction de la culture marquisienne et des structures sociales sans compter l’interdiction des tatouages et des danses par les missionnaires.

Il a fallu attendre les années 60 et notamment les travaux de Robert Suggs qui entreprend les premières fouilles archéologiques pour que les Marquisiens retrouvent tout doucement leurs racines. C’est ainsi que maintenant de nombreux sites archéologiques sont mis à jour, révélant des pétroglyphes (roches gravées) des me’ae (sites religieux en général tapu ou sacrées) que surveillent toujours farouchement les tiki (sorte d’ancêtre divinisé), grandes places (ou tohua), les lieux d’habitation (ou paepae) ou encore les poubelles sacrées au pied de banians majestueux.

Aujourd’hui, si l’on peut admirer de très belles danses lors du festival des Marquises tous les quatre ans et que les fouilles se poursuivent à cette occasion, la signification précise des tatouages anciens est probablement perdue à tout jamais. Malgré ces pertes, que d’énergie et de beauté dans ces îles si mystérieuses qui envoûtent tous les visiteurs sensibles au mana (pouvoir) des anciens!

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