jeudi 13 décembre 2007

Les Marquises aujourd’hui entre tourisme et tradition

Photo 1 : la chaire de l’église de Ua Pou qui mêle dans une pêche miraculeuse des poissons et des animaux qui relèvent de la cosmogonie des Marquisiens anciens comme le lézard ou la tortue.

















Photo 2 : quel bel exemple de syncrétisme. Ici le Christ qui est la nourriture spirituelle tient dans sa main non pas du pain mais le fruit de l’arbre à pain, si présent aux Marquises. C’est même la nourriture de base des populations marquisiennes.

Photo 3 : le tapa, un tissu végétal obtenu avec l’écorce blanche de certains arbres et battu des heures durant pour donner une matière souple très agréable. Seul inconvénient : le vêtement détrempé se défait ! Pour l'anecdote, ceci explique pourquoi les vahines du XVIIIe siècle montaient à bord des navires européens nues, portant leur tapa à bout de bras, pour se rhabiller une fois à bord. Messieurs, imaginez la scène!


Photo 4 : l’humu hei, bouquet fleuri ou bouquet d’amour, à l’origine offert aux nouveaux mariés (à cause de sa réputation aphrodisiaque). Il est maintenant porté lors des fêtes,ou le dimanche par les Marquisiennes à l'arrière de leur belle couronne fleurie.

Photo 5 : le four marquisien mêle dans une cuisson très longue (neuf heures) plusieurs féculents et une viande. Après avoir été préalablement entouré de multiples feuilles de bananes, le tout est mis à cuire dans un four creusé à même le sol, puis recouvert de pierres très chaudes. Arrosez les tranches de viande de lait de coco, et dégustez avec modération, vu le nombre de calories !


Photo 6 : un casse-tête des Marquises, qui fait maintenant le bonheur des collectionneurs, mais qui autrefois permettait quelques meurtres qui alimentaient (!) l'anthropophagie rituelle !

Malgré la disparition de nombreuses coutumes dont le tatouage traditionnel qui avait une signification religieuse et sociale, les Marquisiens du XXIe siècle possèdent encore un vrai savoir-faire exercé notamment dans le domaine de l’artisanat. Outre la renaissance des danses du cochon ou de l’oiseau lors des moments festifs, les touristes de passage pourront découvrir avec bonheur l’artisanat actuel qui traduit une habileté technique et artistique encore vivace.

Cet artisanat se décline de la manière suivante : sculptures sur bois, sur os, et même sur de l’ivoire (casse-têtes, tiki, armes, etc.). Les femmes ont également préservé l’art du tapa. C’est un tissu végétal qui prend des teintes plus ou moins colorées selon la matière utilisée (banian, arbre à pain). Cependant ce dernier n’habille plus hommes et femmes ; de fonction décorative il représente des scènes anciennes (guerriers tatoués). Autre originalité : l’humu hei. Ces bouquets, à l’origine, étaient destinés aux nouveaux mariés et servaient de filtre d’amour pour la nuit de noce. Maintenant les femmes de Fatu Hiva ou de Tahuata vendent ces bouquets fleuris. Et, mesdames, vous pouvez en accrocher à votre chevelure, imitant en cela les Marquisiennes qui répandent des fragrances réputées aphrodisiaques associant pêle-mêle vétiver, gingembre, tiaré, fenouil, ananas, poudre de bois de santal, etc. A coup sûr moins cher qu’un Chanel n° 5. Si vous rêvez d’un souvenir indélébile, le tatouage de style marquisien vous ravira, même s’il est réalisé avec la technique moderne, à savoir une aiguille électrique. Vous échappez ainsi au supplice du marteau et du peigne à tatouer qui vous auraient permis de tester votre stoïcisme! Néanmoins il vous restera quand même un peu d’aura dans votre tentative de séduction de guerrier moderne.

Les églises catholiques marquisiennes recèlent statuaires et objets cultuels magnifiquement sculptées qui associent symboles chrétiens traditionnels et représentations de l’univers mental du Marquisien d’aujourd’hui. A Ua Pou par exemple, une sculpture impressionnante mêle, dans une pêche miraculeuse, tradition biblique et vision marquisienne du monde. Des poissons remontés par la barque du Christ se mêlent à des tortues et autres lézards. De même, le Christ qui est censé incarner la nourriture spirituelle, tient entre ses mains un fruit à pain, la nourriture de base des Marquisiens ! Joli clin d’œil à l’histoire biblique et aux réinterprétations du dogme catholique, sans compter le plaisir esthétique !

Plaisir de la chair pour finir : il faut goûter à l’original plat de cochon rôti aux fruits à pain dans le traditionnel four marquisien

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