vendredi 9 novembre 2007

le passage du Cap Horn avec un temps cap hornien

Photo 1 : le trajet du Via Australis depuis Punta Arenas au sud du Chili en passant les fjords, le détroit de Beagle, le mythique Cap Horn et enfin Ushuaia en Argentine.


Photo 2: malgré la banalité de la photo, ce lieu est historiquement important. Nous avons accosté à Wulaïa, lieu de la première rencontre entre les Indiens de la région et les Européens. Le contact fut plutôt brutal puisqu'à l'heure actuelle, il n'y a plus un seul représentant des indigènes. la plupart ont été tués pour vol de bétail par les éleveurs et les autres sont morts de maladies amenées par les Occidentaux.

Photo 3 : le mythique Cap Horn (55° 56’ de latitude sud et 67° 19’ de longitude ouest) et que nous avons découvert sous un temps… presque cap hornien. La nuit fut très agitée pendant que nous voguions vers le lieu. Le matin, des rafales de vent à plus de 55 nœuds nous ont empêché d’accoster pour voir de près le monument érigé par les Chiliens et qui représente un albatros, symbole des marins morts au Cap Horn.


Photo 4: depuis le pont du Via Australis, pendant que nous traversions "l'avenue des glaciers". Elle se trouve au sud de la Cordillère de Darwin. Les noms des glaciers sont assez surprenants comme celui de glacier français (et plus exactement Romanche), italien ou hollandais. Mais en fait c'est tout simplement qu'ils ont été reconnus pour la première fois par une équipe venue de ces pays.

Photo 5 : le charmant petit cormoran impérial aux yeux bleus. Une immense colonie niche sur l’îlot Tucker.


Photo 6 : le manchot de Magellan, animal qui vit également en colonie sur l’îlot Tucker. Il met deux heures à se nettoyer le duvet. Mais comme c’est un animal méticuleux, il recommence toute la tâche si jamais un des brins est mal nettoyé. Incroyable non ?

Le 1er novembre nous étions toujours le long de la Terre de Feu qui s'appelle ainsi non pas parce qu'il y a des volcans mais que les premiers Européens ont vu les feux allumés par les indigènes qui se réchauffaient ainsi.
Après notre première escale près du glacier Marinelli, nous sommes à nouveau sortis l'après-midi pour voir la vie animale sur l'îlot Tucker, un ensemble sédimentaire qui offre beaucoup de lieux de nidification aux oiseaux. En revanche pas d'accostage car on risquerait de marcher sur des oeufs.
C'est ainsi que nous avons vu de très près le très beau cormoran impérial aux yeux d'un bleu très intense. Une autre espèce moins belle niche également. Nous avons aussi découvert le canard vapeur, qui ne sait plus voler. Quand il se sent en danger, il actionne ses ailes comme un de ces bateaux que l'on voit sur le Mississippi, d'où son nom.
Après une bonne nuit de sommeil malgré une mer agitée, nous entamons notre route dans le détroit de Beagle. Il fut nommé en honneur du navire qui amena Darwin dans la zone; à la suite de ce voyage, il formula sa fameuse théorie. Ce que l'on sait moins c'est que sa théorie s'applique aussi à l'être humain, car il dit des indigènes de la région que ce sont "les êtres les plus abjects et les plus éloignés de l'humanité que l'on puisse trouver". Tout cela parce qu'ils vivaient nus dans une zone qui n'est pas réputée pour la clémence du climat. Mais à la réflexion, je me disais qu'il aurait dû tirer son chapeau bien bas à des gens qui étaient capables de plonger dans de l'eau à 4°c (pour la petite anecdote que les femmes, sinon les hommes se les gèlent au sens propre du terme, c'est véridique) et de s'enduire de graisse animale pour ne pas avoir froid.
Quant au cap Horn, il s'agit d'un "banal" caillou avec une falaise haute de 425 m, l'île est longue de 6 km et large de 2 km. Mais gare à ne pas la confondre avec le « faux cap Horn », (en fait l'île d'Hoste voisine qui est aussi un promontoire rocheux) nommé ainsi parce que les marins approchant depuis l’ouest le confondaient avec le véritable cap Horn. Cette méprise s'est soldée par de nombreux naufrages. Le cap fait partie des eaux territoriales du Chili et la marine de ce pays maintient une station sur l’île Horn. Elle abrite également un mémorial avec une grande sculpture représentant la silhouette d’un albatros en l’honneur des marins qui moururent en tentant de « passer le Horn ». Nous n'avons pas pu voir le monument de près puisque nous n'avons pas pu débarquer. Mais les vrais albatros si!

Et puis comme nous avons eu un vrai mauvais temps (certes nous n'avons pas eu les vagues de 30 m) nous avons beaucoup pensé à ces marins, même ceux de notre époque qui franchissent le Cap Horn, surtout en solitaire. Vous vous imaginez lors d'un Vendée Globe tout(e) seul(e) face aux éléments déchaînés. Quel courage ou quelle folie!

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