dimanche 4 novembre 2007

Chiloe, l'insulaire

Photo 1 : Vue sur les maisons en bois sur pilotis appelées « Palafitos » de la ville de Castro à Chiloe.
L'amplitude des marées qui peut atteindre 7 m fait que les gens vivent dans ces maisons sur pilotis mais ils veulent être près de l'eau pour pouvoir pêcher directement.

Photo 2 : intérieur de l’église d’Achao construite en 1730 par les jésuites. Elle est sans cesse restaurée et classée comme 15 autres au patrimoine mondial de l’humanité. Les bâtiments religieux sont tous faits sur le même modèle, clocher octogonal et facade sobre recouverte de bardeaux en bois.

Photo 3 : Colonie de cygnes à tête noire aux alentours de Caulin. Ils ont l'air d'apprécier l'eau très froide.


Photo 4 : Maison recouverte de bardeaux en bois. Dans les villages de Chiloé les maisons sont différentes par leur couleur et leurs « tuiles de bois », ce qui introduit un peu de lumière et de gaieté dans une île très pluvieuse.







Photo 5 : Un élevage de saumons dans une des baies de l’île de Chiloé. Bien que le cadre semble enchanteur, la pollution y est pourtant importante.





Photo 6 : Marée basse sur l’île de Quinchao. Lorsque la marée descend, elle laisse derrière elle des bateaux ventrus couchés sur le flanc. On se croirait quelque part en Bretagne.

On va à Chiloé comme on va en pèlerinage. La visite de belles églises est une partie obligée sauf que cette visite se fait presque tout le temps sous la pluie. Voir Chiloé sous le soleil serait un peu la voir sans son âme. Seize églises sont des chefs-d’œuvre architecturaux classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Construites en bois et pour certaines datant du XVIIIe siècle, à l’époque où les jésuites christianisaient l’île, elles sont à la fois très sobres et très belles. A Castro, la capitale on peut admirer de très fines sculptures en bois au plafond et dans l’autel. De même, Achao a une chaire qui est une petite merveille.
Même à notre époque, la vie des habitants s’organise encore autour des églises. Elles sont si précieuses qu’ils en ont même déplacé certaines en les faisant flotter et en même temps tirer par des bœufs. Cette coutume de déplacer maisons et églises s’appelle la Minga.
Les traditions restent bien ancrées dans les mentalités des Chilotes : on est avant tout de cette île avant d’être chilien. Ce territoire de 10000 km2 (qui abrite un peu plus de 100 000 personnes, un peu pêcheurs et paysans en même temps) préserve ainsi des plats traditionnels bien charpentés : le chuppe de jaïba (sorte de gratin d’araignée de mer) est un délice. En revanche, il faut être bien armé pour s’attaquer au curanto : mélange de fruits de mer, de viande (poulet, saucisse et poitrine fumée) et de « galettes » de pomme de terre nommées chapalele ou encore milcao, il « tient au corps » selon l’expression consacrée.
Chiloé est aussi une île riche en légendes : la Pincoya qui est une jolie femme aux longs cheveux et quand les marins la voient qui regarde la mer alors cela veut dire que la pêche sera bonne. Mais s’ils la voient tournant le dos à la mer ils ne vont même pas à la pêche. Ils croient aussi qu’il y a comme un gnome (le Trauco) vraiment hideux, vivant dans la forêt et il enlève les plus jolies filles des villages puis les emmène dans la forêt. Il les plonge dans un profond sommeil et quand elles se réveillent, elles sont enceintes (« embarazada » en espagnol !).
Malheureusement, l’île se fait aussi rattraper par la modernité et pas la plus chatoyante. De nombreuses entreprises, pour la plupart norvégiennes, ont installé des élevages de saumons et ce, sans aucun contrôle. La norme d’élevage de saumon en Norvège est de 5 kilos de poisson par mètre cube d’eau. Au Chili, elle est …trois fois plus élevée. Mais en réalité, à certains endroits on arriverait jusqu’à 40 kilos de poissons par mètre cube. On vous laisse imaginer la qualité du poisson et de l’eau dans la zone. Non contentes de polluer, ces sociétés envisagent maintenant d’aller plus au sud du Chili pour exploiter d’autres zones encore préservées.

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